Sénégal : Sept ans après le naufrage du Joola15/10/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/10/une2150.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Sénégal : Sept ans après le naufrage du Joola

Le 26 septembre 2002, le ferry Joola coulait à 25 kilomètres des côtes sénégalaises. Il y eut officiellement 1 863 victimes, dont des centaines d'écoliers qui rentraient de vacances.

Les circonstances du drame apparurent petit à petit dans les jours qui suivirent le naufrage. Le Joola qui comptait 550 places embarquait fréquemment 1 000, 1 500 ou 2 000 passagers et naviguait avec les soutes pleines à craquer de marchandises les plus diverses. Son équipage, du capitaine aux matelots, était entièrement composé de militaires. Ce qui n'était pas une garantie car le Joola avait déjà effectué une traversée avec 1 700 soldats à bord et des engins blindés dans les soutes, manquant de chavirer à chaque vague.

Pour une raison toujours inconnue, le bateau n'a pas envoyé de signal de détresse et les autorités n'ont été mises au courant que tardivement, ce qui fait que les secours sont arrivés 18 heures après le naufrage. Ils ont repêché 64 rescapés et 600 corps. Les autres passagers sont morts emprisonnés dans la coque.

Le gouvernement sénégalais avait alors évidemment assuré les familles des victimes de toute sa compassion. Trois mois après le drame en effet, 100 000 francs CFA, soit 152 euros, et quatre sacs de riz avaient été offerts à chaque famille. Depuis, des indemnités plus substantielles ont été consenties aux familles qui en faisaient la demande, à condition qu'elles franchissent tous les obstacles de la procédure et qu'elles s'engagent à dégager le gouvernement de toute responsabilité.

La justice sénégalaise a conclu à la responsabilité unique de l'équipage et du capitaine du Joola. Les responsables ayant péri dans le naufrage, l'action judiciaire est donc éteinte au Sénégal. L'exploration de l'épave, jugée inutile, n'a pas été entreprise.

Mais les familles de 22 victimes, françaises pour la plupart, ont quant à elles porté plainte devant la justice française. Celle-ci a nommé un comité d'experts qui, après bien des difficultés avec les autorités militaires sénégalaises, a conclu à la responsabilité de ces dernières. Le juge en charge de l'affaire a donc lancé, en 2008, des mandats internationaux contre neuf personnalités sénégalaises. Le 16 juin 2009 la justice française a annulé deux de ces mandats, concernant la Première ministre sénégalaise de l'époque et son ministre des Armées, ces deux hauts personnages étant couverts par l'immunité due à leur fonction. Les sept autres responsables présumés ont formé un recours et il y a peu de chances que le procès ait jamais lieu.

Sans vouloir mettre en doute la légendaire indépendance de la justice française (ne riez pas !), on peut quand même supposer que l'amitié franco-sénégalaise, si profitable aux Bolloré, Bouygues, BNP et consorts, est à ce prix.

Pendant que la justice suivait son cours, d'autres ferries surchargés, dans d'autres pays pauvres, allaient par le fond. Le 10 septembre encore, un ferry du Sierra Leone coulait dans les mêmes eaux que le Joola, faisant dix morts et 200 disparus, essentiellement des écoliers. Le navire était surchargé en passagers et en marchandises, les équipements de sécurité insuffisants, les secours sont arrivés bien trop tard.

Il est peu probable que la justice du Sierra Leone fasse beaucoup mieux que ses homologues sénégalaise et française.

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