Leur société

Bayrou et le PS : Quel dialogue et pour quelle politique ?

Les échanges de propos sont vifs, ces temps-ci, entre les dirigeants du PS et ceux du Modem de François Bayrou, tout comme ils le restent au sein du PS lui-même. Dans la phase actuelle de ce débat, si l'on peut appeler cela un débat, chacun essaye de faire croire qu'il est ouvert au dialogue, à un futur rassemblement, voire qu'il en serait l'initiateur, laissant croire que ce sont ses concurrents qui seraient responsables de la désunion.

François Bayrou, en réponse à Martine Aubry qui lui demandait des clarifications, a proposé ce qu'il appelle « une offre publique de dialogue ». Qu'entend-il par cette formule qui se voudrait percutante ? Il propose la mise en place d'une sorte de « parlement »... pour que l'on se parle, dit-il, qui réunirait des représentants des partis, des associations, des syndicats pour discuter. Réunir sur quelle base ? Discuter de quoi ? Avec quels objectifs ? Devant quel auditoire ? Dans ce ping-pong de questions/réponses il ne faut pas chercher à décrypter ce que recouvre une telle formule, là où il n'y a que calculs politiciens.

Chacun s'efforce en effet de se mettre dans une position favorable en vue des prochaines échéances électorales. Certains dans la perspective des régionales de l'an prochain, d'autres, les ténors, dans celle de la présidentielle de 2012. Les Valls, Peillon, Royal et quelques autres tout comme Bayrou sont motivés par la présidentielle. Ils veulent se placer pour être choisis comme LE candidat susceptible d'affronter Sarkozy et de le battre. Ils cherchent la combinaison qui leur permettrait d'être au second tour pour déloger et remplacer le locataire actuel de l'Élysée.

Pour cela il leur faut apparaître comme celui qui saura rassembler une majorité de l'électorat, tout en étant celui qui, dans un peloton nombreux de candidats à la candidature, réussira à sortir du lot. Ils surfent sur les sentiments d'une fraction de l'opinion qui souhaite avant toute chose battre Sarkozy en accordant peu d'importance au programme, au nom de l'homme ou de la femme qui le remplacerait, à ce qu'il promettrait éventuellement. Même si les expériences passées ont montré qu'il ne fallait pas se faire des illusions sur les promesses des postulants à la présidence de la République.

Pourtant il est indispensable de s'interroger sur la politique que mènerait le successeur de Sarkozy, qu'il soit issu d'une opposition englobant le Modem, ou bien qui resterait limitée à ce qu'on appelle traditionnellement la gauche.

Ségolène Royal, Peillon et quelques autres, au PS, nous disent qu'on ne peut espérer gagner la présidentielle que si on rallie l'électorat du centre, et donc ses chefs de file. Cette logique peut séduire, y compris des électeurs sincèrement de gauche. C'est l'illustration même du piège dans lequel nous enferme la logique électoraliste.

Si on veut changer réellement les choses et pas seulement les personnages à la tête de l'État, il faut autre chose que cette fausse perspective. Une perspective qui fixe des objectifs concrets aux travailleurs et aux classes populaires et pas pour 2012, pas pour la Saint Glin-glin.

Face à une situation qui se dégrade de jour en jour pour le monde du travail, face à une politique qui s'en prend à la population laborieuse, il est urgent d'imposer aux bourgeois, au patronat et à leurs valets politiques, des mesures de sauvegarde de la population laborieuse, sans attendre 2012, sans s'en remettre à des Bayrou, à des Valls, Peillon, Royal ou même Aubry.

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