Sarkozy à Versailles : Un discours, même à 10 000 euros la minute... ne vaut pas pour autant grand-chose !27/06/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/06/une2134.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sarkozy à Versailles : Un discours, même à 10 000 euros la minute... ne vaut pas pour autant grand-chose !

Sarkozy s'est offert le 22 juin, pour 400 000 euros, quarante-trois minutes de représentation dans le palais du Roi-Soleil, aux frais de l'État, et devant l'ensemble des députés et sénateurs, hormis ceux - des Verts et du Parti Communiste - qui avaient décidé de le boycotter.

À part sur le site Internet de l'Élysée et dans un ou deux quotidiens à sa botte, peu de commentateurs sont parvenus à y déceler un contenu nouveau et même tout simplement un contenu. Sur les douze pages de texte, deux constituaient d'ailleurs une reprise presque mot pour mot de son précédent discours à Genève dans le cadre de l'Organisation internationale du travail : gain de temps ou économies, le conseiller Guaino qui les rédige étant peut-être rémunéré à la page ?

Les députés ont donc eu droit aux « limites d'une logique exclusivement marchande », à « la part trop belle faite [par les gouvernements de droite comme de gauche] au capital financier [...] et à la spéculation effrénée » et même à un enflammé « Qui peut croire que les peuples subiront sans rien dire les conséquences douloureuses de la crise, [...] qu'ils supporteront de nouveau, comme si de rien n'était, les parachutes dorés et les gains mirobolants des spéculateurs ? » Sarkozy ne manque pas de culot et affirme dans le même discours une politique exactement en sens inverse de telles déclarations.

Car en fait l'intervention présidentielle ne contenait par ailleurs que la propagande distillée régulièrement par Sarkozy lui-même, Fillon et les différents ministres. En substance, la crise va durer, on ne sait pas jusqu'à quand, les caisses sont vides et il n'est question ni d'aller chercher l'argent là où il est - dans les coffres des riches, des grands patrons, des banquiers - ni de mettre un frein aux économies réalisées sur le dos de la population laborieuse en revenant sur les dizaines de milliers de suppressions d'emplois dans les services publics. Sarkozy nomme cela les « réformes ».

Au contraire, Sarkozy « n'augmentera pas les impôts » ; en clair, il ne remet pas en cause le bouclier fiscal et les différents cadeaux faits aux riches et confirme la suppression de la taxe professionnelle, imputée jusqu'à présent aux entreprises et versée aux collectivités locales ; car selon lui elle « taxe la production et taxe le travail ».

En revanche, pour s'en prendre aux pensions des retraités, pas de problème : « Mi-2010, nul doute que le gouvernement prendra ses responsabilités », menace-t-il en relayant la campagne patronale sur le recul de l'âge de la retraite et la durée de cotisation, clairement destinée à diminuer le montant des pensions.

Ajoutant une petite touche « d'écologie » pour le décor, il a rappelé la taxe carbone, censée combattre la pollution, et de toute façon compensée par la suppression de la taxe professionnelle. Puis est venue une louche de démagogie, puisque Sarkozy s'en est pris à « tous les dispositifs inutiles, toutes les aides dont l'efficacité n'est pas démontrée », ouvrant ainsi la porte à de nouvelles économies qui pèseront sans nul doute sur les plus pauvres.

Tout cela n'a pas empêché Sarkozy, qui n'est pas à une contradiction près, de déclarer : « Nous devons protéger nos concitoyens les plus fragiles, ceux qui souffrent le plus », précisant qu'il ne fallait pas croire possible de s'en sortir « en laissant une partie des Français sur le bord du chemin ».

Il fallait certainement comprendre qu'il s'agissait... des capitalistes de l'industrie et de la banque !

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