Leur société

Retraites : L'argent existe pour les payer

Après le ministre du Travail Hortefeux qui, le 14 juin, a ouvert le tir en proposant de repousser l'âge du départ à la retraite, d'autres « spécialistes » sont montés en ligne afin d'appuyer cette nouvelle attaque contre le niveau de vie d'une grande majorité de la population.

Pour Fillon, la question n'est pas « tabou », a-t-il déclaré, ce qui n'est pas étonnant de la part d'un ministre qui, en 2003, avait mené l'attaque contre les retraites de la fonction publique en allongeant le nombre d'annuités nécessaires pour toucher une pension complète. Juppé a jugé le report « inévitable et souhaitable », oubliant de rappeler qu'en 1995 son offensive contre les retraites s'était heurtée à une grève du secteur public qui avait recueilli la sympathie de nombre de travailleurs du privé et obligé le gouvernement Chirac à renoncer à son projet.

Le patronat, lui aussi, voudrait effacer ce mauvais souvenir et la présidente du Medef, Laurence Parisot, a saisi l'occasion pour rappeler qu'elle préconise le passage de 60 ans à 63 ans et demi dès 2012. « On ne peut pas gagner chaque année un peu plus en espérance de vie et cesser de travailler de plus en plus tôt », a-t-elle déclaré. Mais les arguments des uns et des autres s'appuient sur une présentation tronquée de la réalité.

Le patronat voudrait faire passer comme une évidence que le départ à la retraite de la génération du baby-boom d'après-guerre ainsi que l'allongement de l'espérance de vie posent un problème insurmontable, du fait que les retraites sont financées par les personnes en activité et qu'il y a de moins en moins de cotisants. Mais le patronat et le gouvernement à sa suite passent sous silence le fait qu'en cinquante ans d'immenses progrès techniques ont amélioré l'efficacité du travail, tant dans l'industrie que dans l'agriculture.

Ainsi, en une heure de temps, les salariés produisent beaucoup plus de richesses, ce qui aurait dû permettre à la fois d'améliorer le niveau de vie et de diminuer la durée du travail. Mais ce progrès a profité aux capitalistes et, malgré la crise dont ils portent l'entière responsabilité, ils voudraient être les seuls à en recueillir les fruits. C'est la raison pour laquelle ces gens-là jugent « inévitable et souhaitable » de préparer une nouvelle offensive contre les retraites.

Le gouvernement parle du déficit insupportable de la Sécurité sociale et des caisses de retraite. Mais il trouve tout à fait normal d'aider les plus riches par le bouclier fiscal, de venir en aide aux banquiers et d'exonérer le patronat de toute une partie de ses cotisations en puisant dans les caisses de l'État ou de la Sécurité sociale. C'est donc une question de choix. Les richesses existent, il n'y a aucune raison que ceux qui ont contribué à les produire renoncent à vivre décemment.

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