Paris : Pas de places d'accueil pour les gens du voyage27/06/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/06/une2134.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Paris : Pas de places d'accueil pour les gens du voyage

Suite à la loi Louis Besson de juillet 2000 sur « l'accueil et l'habitat des gens du voyage », qui reprenait une précédente loi non appliquée de mai 1990, 30 000 emplacements de stationnement devaient être réalisés. Dix ans après, il n'y en a même pas 10 000.

Dans chaque département, le Conseil général et le préfet établissent un schéma des aires d'accueil à réaliser, normalement obligatoires dans les communes de plus de 5 000 habitants. Mais, si le gouvernement s'engage à les financer à 70 %, il ne prend pas en charge la réalisation de ces travaux et ne les impose pas.

Résultat : faute de places en nombre suffisant, les 400 000 personnes vivant en caravanes, souvent pour des raisons professionnelles, sont obligées de stationner dans des endroits non équipés et sans hygiène, et ces campements sauvages sont parfois source d'incidents avec les résidents locaux.

À Paris, après dix ans de palabres au Conseil municipal et malgré la signature en 2004 d'un schéma départemental d'accueil prévoyant sept aires pour 200 caravanes, il n'en existe aucune.

Le 9 juin, le Conseil municipal de Paris a enfin voté majoritairement l'installation d'une première tranche de trois aires pour 90 places. Elles sont prévues pour des séjours de trois mois maximum, avec priorité pour les familles ayant un membre hospitalisé à Paris, et elles seraient implantées à la périphérie de Paris : dans les bois de Boulogne et de Vincennes et porte Balard.

Pour l'aire du bois de Vincennes, cela n'a pas posé de problème, la maire PS du XIIe arrondissement, Mme Michèle Blumenthal, étant d'accord. Par contre les députés-maires UMP du XVe (Balard) et du XVIe (bois de Boulogne) se sont vivement prononcés contre. Ces deux maires, Philippe Goujon et Claude Goasguen, prétendent que cette loi ne peut pas s'appliquer dans leurs arrondissements. Car voyez-vous : « Ils ne peuvent pas accueillir d'enfants supplémentaires dans des classes surchargées par 28 à 30 élèves ». Vraiment pas gênés, eux qui votent des deux mains à l'Assemblée nationale les suppressions d'emplois dans l'Éducation !

Et toujours dans l'hypocrisie, ils ont expliqué, pleins de sollicitude, qu'à Balard les résidents seraient incommodés par les bruits du périphérique et par l'héliport de Paris, sans parler du manque de commerces de proximité... Mais ils n'ont proposé aucun autre emplacement, à part, pleins d'humour, le parvis de l'Hôtel de Ville de Paris. De plus, dans son rejet, Goasguen a tenu des propos insultants : « L'installation d'une aire de 40 places de caravanes dans le bois de Boulogne, à 500 mètres d'un lieu de prostitution nocturne, suscitera des tentations, un facteur supplémentaire de délinquance ». Prostitution et gens du voyage, il fait l'amalgame !

Ce sont autant de calomnies et de prétextes pour rejeter les nomades. Et ces deux députés-maires font appel aux Premier ministre et à celui de l'Intérieur pour qu'ils annulent ces décisions leur imposant des aires. D'accord pour que les gens du voyage viennent animer la vie sociale de la capitale par leurs activités commerciales et artisanales dans les marchés et les foires, par leurs manèges ou leurs brocantes, mais ils n'en estiment pas moins qu'ils doivent aller habiter loin des murs parisiens.

Quant aux Roms récemment émigrés de l'Europe de l'Est, ils ne sont pas concernés par la loi Besson, et rien n'est prévu pour les accueillir.

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