Le déficit de l'État explose pour le seul profit des patrons27/06/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/06/une2134.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le déficit de l'État explose pour le seul profit des patrons

Le ministre du Budget Eric Woerth a annoncé dimanche 21 juin que le budget de l'État pour 2009 serait en déficit de 140 milliards d'euros (entre 7 et 7,5 % du produit intérieur brut). Ce déficit explose puisqu'en 2007 il n'était, si on peut dire, que de 34,7 milliards et de 56,2 milliards en 2008 ! Ce chiffre de 140 milliards n'est d'ailleurs qu'une prévision, puisque le même Woerth parlait en mars 2009 de 120 milliards de déficit quand Fillon avançait le chiffre de 100 milliards d'euros quelques jours avant...

Une chose certaine par contre, c'est que ces 140 milliards s'ajouteront aux 1 327 milliards d'euros de la dette cumulée de l'État français à fin 2008, une dette dont le remboursement des emprunts et des intérêts représente la première dépense de l'État !

La situation pourrait donc apparaître dramatique pour un ministre censé gérer au mieux les finances de l'État, et on a vu bien des ministres des Finances tenir des discours moralisateurs sur l'immoralité qu'il y aurait à laisser une telle dette à nos enfants. Mais rien de tout cela avec Woerth qui nous explique doctement qu'il y a déficit et déficit. D'après lui, « le déficit dû aux frais de fonctionnement c'est très mauvais, le déficit dû à la relance, c'est différent »... Il se félicite donc de la suppression en 2009 de 30 000 postes de fonctionnaires - les frais de fonctionnement comme il dit - par le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite et en annonce 34 000 pour 2010. Mais il se félicite encore plus des dizaines de milliards versés généreusement aux banquiers et aux industriels au titre des plans de relance.

Et emporté par son élan à trop vouloir prouver les bienfaits de la relance, il affirme : « On voit bien aujourd'hui que la régression a probablement pris fin et qu'il y a une inflexion des choses. » Mais on voit surtout que ce sont ces milliards versés à fonds perdus à des patrons qui licencient même dans des entreprises qui font des bénéfices et versent des dividendes à leurs actionnaires !

Woerth affirme que le déficit est une « arme anticrise ». Oui, mais c'est une arme pour subventionner le patronat tandis que le gouvernement veut imposer de nouveaux sacrifices aux classes populaires par une dégradation accrue du service public et du système de santé.

On assiste ainsi à une véritable campagne sur le déficit de la Sécurité sociale dont Woerth annonce qu'il passerait de 20 milliards d'euros en 2009 à 30 milliards en 2010 parce que, d'après lui, les usagers consommeraient trop de médicaments et abuseraient des arrêts maladie. Alors que c'est la diminution des rentrées dues au chômage, aux bas salaires, qui est en cause. Et il faudrait aussi que les fonctionnaires qui, d'après Woerth, partent à la retraite à 58 ans, travaillent plus longtemps puisque « à 58 ans on est en pleine forme ».

Le « trou » dans le budget de l'État est dû essentiellement à la politique du gouvernement en faveur des plus riches, patrons et banquiers. Et ce n'est sûrement pas aux travailleurs d'accepter de faire des sacrifices pour le combler.

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