Iran : Le régime n'en a pas fini avec la contestation27/06/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/06/une2134.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Iran : Le régime n'en a pas fini avec la contestation

Mardi 23 juin, le Conseil des gardiens de la Constitution, l'instance dirigeante de la dictature islamiste iranienne, a confirmé qu'elle considère le président sortant Mahmoud Ahmadinejad comme élu, tandis que ses concurrents continuent à le contester et à dénoncer des fraudes électorales. Il n'est désormais même plus question pour le pouvoir de faire mine de recompter les voix. Le « Guide suprême » Ali Khamenei, qui est le véritable dirigeant du régime iranien, a signifié aux opposants que la question était tranchée et que, désormais, les manifestations seraient impitoyablement réprimées.

La police et les diverses forces de répression n'avaient d'ailleurs pas attendu pour intervenir violemment contre les manifestants, n'hésitant pas à matraquer et même à tirer, faisant dix morts et de nombreux blessés. De très nombreuses arrestations semblent également avoir eu lieu. Après une dernière démonstration massive le samedi 20 juin, il semble maintenant que les manifestations soient devenues très sporadiques et en tout cas beaucoup moins nombreuses, du moins pour autant qu'on puisse le savoir puisque les informations parviennent de plus en plus difficilement à l'extérieur.

La dictature qui règne à Téhéran en a-t-elle pour autant fini avec la contestation ? Rien n'est moins sûr, évidemment. Ces élections auront été l'occasion pour les différents clans du régime de se mesurer. Pour Mir Hossein Moussavi, cet ex-Premier ministre de l'ayatollah Khomeiny qui s'est montré capable lui aussi, à son époque, de mener une répression féroce contre les opposants, elles ont été l'occasion en affrontant Ahmadinejad de se donner l'image d'un opposant démocratique, partisan d'un assouplissement du régime. Il a trouvé incontestablement une audience auprès d'une partie de la population.

Quant à celle-ci, quant aux centaines de milliers de personnes qui ont manifesté dans les rues et aux millions qui les ont approuvées, peuvent-elles continuer à accepter pendant des années ce régime de mollahs réactionnaires qui imposent à tous, et en particulier aux femmes, leur ordre moral ? L'avenir le dira, bien sûr, et montrera dans quelle mesure l'opposition au régime reste limitée à des couches citadines relativement aisées, et dans quelle mesure elle atteint les couches plus populaires, particulièrement touchées par la dégradation de la situation économique.

En tout cas, il est probable que les luttes de clans dans les sphères dirigeantes continueront, et en même temps les calculs des uns et des autres pour tenter d'utiliser à leur profit le mécontentement suscité par le régime. Au fond, c'est bien ce qu'ont fait il y a trente ans les religieux chiites en se portant à la tête de la lutte contre le régime honni du chah. Cette lutte avait été ponctuée d'une succession de manifestations massives, réprimées de façon sanglante par le régime, avant d'entraîner sa chute. Une victoire populaire qui, malheureusement, avait été suivie rapidement de l'instauration d'une nouvelle dictature, celle de la République islamique.

Les enseignements de cette expérience ont certainement été appris par bien des dignitaires de cette république elle-même. Il faut souhaiter que, au sein de la population et des couches laborieuses, bien d'autres en aient tiré les enseignements, mais d'une autre façon.

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