Dans la Vienne : La liquidation d'Aubade27/06/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/06/une2134.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Dans la Vienne : La liquidation d'Aubade

« Je dis solennellement que nous n'acceptons pas la mesure de licenciements d'Aubade et qu'elle doit être suspendue » ; « L'État ne pourra pas autoriser des licenciements économiques si, avec la contre-expertise des comptes de l'entreprise que vous avez demandée (les salariés), on peut prouver que le groupe Calida (groupe suisse propriétaire d'Aubade) n'a pas de problème économique » ; « Il faut de la morale en économie » ; « Nous sommes dans un État de droit (...) ». Ces citations, extraites de la presse locale, ont été faites, pour la première, par Alain Fouché, sénateur UMP de la Vienne et alors vice-président du Conseil général et, pour les trois suivantes, par Ségolène Royal, présidente PS de la région Poitou-Charentes, à propos des licenciements dans l'entreprise de sous-vêtements Aubade, et elles datent... d'octobre 2006 !

Ces rodomontades, qui se voulaient martiales, n'ont bien évidemment pas empêché les patrons d'effectuer les 140 licenciements d'alors, sur un effectif de 283 travailleurs, et ceci bien que l'entreprise ait été bénéficiaire. En même temps qu'ils licenciaient, d'ailleurs, les patrons augmentaient la durée du travail et intensifiaient les cadences de production pour les travailleuses restées à l'usine.

Aujourd'hui, en juin 2009, le même groupe capitaliste florissant liquide pratiquement l'unité de production qui subsistait à Saint-Savin, dans le sud-est de la Vienne, en annonçant 104 licenciements - essentiellement des ouvrières - et le maintien de seulement 28 postes de travail dans une plate-forme logistique dont l'avenir semble plus qu'incertain. Ségolène Royal qualifie maintenant la situation d'« insupportable », parle de « trouver une solution industrielle locale » ; la droite, quant à elle, se tait.

C'est peu dire que la situation est catastrophique pour les familles ouvrières touchées : non seulement le sud-est du département est sinistré suite, il y a trois ans, à la fermeture de Domoform (228 licenciements), suivie d'une première vague de licenciements chez Aubade, mais la crise de ce système économique absurde se traduit, par exemple dans le châtelleraudais proche, par la liquidation de l'équipementier automobile Fabris (366 salariés sur le carreau), celle de l'entreprise de bois Isoroy (83 licenciements), des suppressions de postes à Fenwick (74), à Valéo (178), à Magneti Marelli (74)... Retrouver du travail relève véritablement d'une gageure dans une telle situation !

Face à la guerre sociale que mènent les capitalistes, les responsables politiques ne dépassent pas le registre des paroles compatissantes à l'adresse des travailleurs qui perdent leur emploi. S'ils font mine d'avoir un accès de colère à l'encontre des patrons, c'est pour leur tenir - avec déférence - des propos moralistes... et pour rapidement revenir à des mesures d'« aide à l'emploi », comme ils disent, qui ne sortent pas les travailleurs des situations inextricables où la rapacité des actionnaires les a placés, mais qui se concrétisent, par contre, en de nouvelles subventions pour les patrons, au prétexte de créer ou préserver l'emploi. Ainsi, pour ne citer que cet exemple, ce ne sont pas moins de 328 dispositifs d'aides directes aux entreprises qui ont été mis en place par la région Poitou-Charentes, qu'elle ait été gérée par la droite ou par la gauche, comme c'est le cas actuellement.

Les politiciens ne veulent surtout en rien contraindre les patrons, qui exercent une véritable dictature sur l'économie, avec les dégâts que l'on constate pour la collectivité, et tout cela avec la protection de lois faites pour eux. Les travailleurs ne pourront compter que sur leurs propres forces collectives pour imposer leur droit à la vie.

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