Continental - Clairoix (Oise) : Patrons délinquants protégés, salariés licenciés poursuivis - La mobilisation continue27/06/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/06/une2134.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Continental - Clairoix (Oise) : Patrons délinquants protégés, salariés licenciés poursuivis - La mobilisation continue

Après trois mois et demi de lutte, les 1 120 travailleurs de Continental-Clairoix devraient voir aboutir leur combat avec la signature, attendue le 25 juin, de l'accord définitif reprenant la quasi-totalité de leurs revendications, par la direction internationale du groupe Continental AG, les représentants syndicaux et l'État.

Après le report de 27 mois des licenciements, les primes exceptionnelles, les garanties pour les salariés les plus fragiles, (ceux ayant 51 ans et demi actuellement), un problème restait : celui des poursuites engagées contre sept salariés, convoqués le 17 juillet devant le tribunal de Compiègne à la suite de la manifestation à la sous-préfecture. Face à cela, une manifestation de 800 travailleurs de Continental a été organisée à Paris mercredi 24 juin.

Depuis le début les travailleurs en lutte ont affiché leur slogan : « Un pour tous, et tous pour un », les assemblées ont rappelé que personne ne serait laissé sur le bord du chemin, qu'il soit jeune ou moins jeune, et aucun des salariés pris en otage par le gouvernement. Car c'est bien de cela qu'il s'agit.

Dès l'annonce de la fermeture de l'usine de Clairoix, les ministres et Sarkozy lui-même ont répété qu'ils ne laisseraient pas passer les violations à la loi dont s'étaient rendus coupables les patrons de Continental. Christine Lagarde, la ministre de l'Économie, annonçait solennellement le 26 mars qu'elle entamait des actions juridiques pour faire condamner les délits graves dont ces mêmes patrons s'étaient rendus coupables. Et puis... rien. Le 21 avril, Continental faisait un nouveau coup de force en décrétant le lock-out général de l'entreprise afin de précipiter sa fermeture définitive, en l'absence de toute procédure. La direction du groupe se rendait coupable à nouveau de plusieurs délits graves, reconnus comme tels par les représentants du gouvernement. Mais il n'y aura aucune poursuite intentée par quiconque.

Si le gouvernement, l'État et l'appareil judiciaire se sont montrés protecteurs, et donc complices des délinquants patronaux de Continental qui provoquaient la ruine d'une région, les mêmes n'ont pas montré la même mansuétude envers les salariés qui avaient osé réclamer un peu bruyamment à la sous-préfecture, le 21 avril, que le gouvernement respecte ses engagements, pris pourtant un mois auparavant, à savoir la mise sur pied d'une réunion de négociation tripartite avec la direction de Continental et l'État.

Mardi 16 juin, la délégation de l'intersyndicale reçue au ministère de la Justice demandait que la chancellerie fasse, comme elle en a le pouvoir, une note écrite pour demander, par la voix du procureur, la relaxe pure et simple des sept salariés convoqués devant le tribunal de Compiègne et l'arrêt des poursuites. Elle essuyait un refus. Le gouvernement veut faire la démonstration qu'il entend protéger les patrons délinquants et punir les travailleurs qui ne se contentent pas d'être des victimes sur qui on peut pleurer, mais entendent être des femmes et des hommes dignes qui défendent leur droit à la vie, face à l'injustice patronale.

Comme l'intersyndicale et le comité de lutte l'ont déclaré, cette volonté gouvernementale de faire condamner des travailleurs en lutte dépasse le cas des travailleurs de Continental. Leur lutte a été gagnante et a eu un large soutien populaire. Contre cela, le gouvernement ne peut plus rien aujourd'hui, si ce n'est cette attitude de vengeance mesquine. Mais ce geste est dirigé contre tous les autres travailleurs du pays. Que d'autres catégories sociales fassent preuve de radicalisme, passe pour les représentants des possédants, mais que les ouvriers le fassent, c'est trop dangereux : qu'ils affirment leur détermination pourrait être contagieux, surtout dans le contexte actuel d'attaques tous azimuts.

C'est pourquoi l'assemblée de 800 travailleurs qui s'est tenue vendredi 19 juin devant l'usine a décidé la montée à Paris du mercredi 24 juin. Un appel a été lancé à tous les dirigeants des organisations syndicales et politiques pour soutenir la demande d'arrêt des poursuites. Un rassemblement de solidarité et de soutien a été décidé pour le samedi 4 juillet après-midi sur le terrain municipal de Margny-lès-Compiègne. L'intersyndicale et le comité de lutte ont décidé de s'adresser à tous, population, salariés, militants, artistes, qui veulent affirmer à leurs côtés le refus de la répression des luttes ouvrières.

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