États-Unis : L'assassinat d'un médecin partisan du droit à l'avortement03/06/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/06/une2131.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : L'assassinat d'un médecin partisan du droit à l'avortement

George Tiller, un des trois médecins à pratiquer des avortements tardifs dans tous les États-Unis, a été assassiné dimanche 31 mai. Un suspect a été arrêté, qui se revendiquerait des positions d'un groupe réactionnaire anti-avortement, Opération Rescue, qui dément bien sûr toute implication, mais dont le fondateur a qualifié le docteur Tiller de « tueur en série ».

Ce médecin avait déjà été l'objet de menaces et d'agressions : en 1986, une bombe avait explosé dans sa clinique de Wichita, dans le Kansas ; en 1993, il avait été blessé par balle par une militante anti-avortement. Il était particulièrement visé puisqu'il pratiquait des avortements au-delà de 21 semaines de grossesse, et sa clinique était fréquemment le théâtre de manifestations violentes organisées par les organisations réactionnaires « pro-life », équivalent de « Laissez-les vivre ».

Il venait également d'être traîné au tribunal, accusé de dix-neuf infractions à la loi sur les avortements tardifs. Au Kansas, ces avortements ne doivent être réalisés qu'après l'avis de deux médecins indépendants. L'accusation prétendait que le deuxième médecin, qui avait contresigné sa décision dans dix-neuf cas, ne l'avait pas fait en toute indépendance, financière en particulier. George Tiller risquait un an de prison et 2 500 dollars d'amende pour chacun des dix-neuf cas. Le jury venait de l'acquitter, le 27 mars dernier. Mais l'administration s'apprêtait à prendre le relais de la justice déboutée et envisageait de lui retirer son droit d'exercer.

Officiellement, l'avortement est légal aux États-Unis, mais c'est un des actes médicaux qui ne sont pas remboursés par l'aide médicale (Medicaid), ce qui pénalise les femmes des milieux les plus modestes. Les établissements qui pratiquent des avortements sont trop rares, du fait entre autres que quatre des plus grandes chaînes de cliniques privées sont sous le contrôle de l'Église catholique. Par ailleurs, chaque État adapte la législation en y mettant plus ou moins d'obstacles, qui découragent les femmes d'entreprendre des démarches, et certains n'hésitent pas à utiliser tous les moyens possibles pour entraver l'action des médecins qui ont le courage de pratiquer des avortements. Cela a été le cas pour le docteur Tiller.

Il est évident que cet acharnement légal, administratif ou judiciaire contre ces médecins ne peut que conforter dans leur propagande hystérique les organisations anti-avortement. Les conséquences en sont tragiques puisque, depuis 1993, George Tiller est le quatrième médecin et la septième personne tués du fait des opposants à l'avortement. Mais elles sont aussi quotidiennement dramatiques pour les femmes auxquelles on impose la loi des bigots réactionnaires et on refuse le droit à disposer d'elles-mêmes.

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