Dans les entreprises

Peugeot-Citroën Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) : Succès de la grève contre les heures supplémentaires gratuites

L'usine d'emboutissage et de ferrage de Saint-Ouen livre des pièces dans toutes les usines de montage du groupe automobile Peugeot-Citroën PSA. Les 350 ouvriers de production ont connu les journées de chômage d'octobre à mars.

Aujourd'hui, la production est repartie sur les usines de montage d'Aulnay, Poissy, Sochaux et Vigo qui font des heures supplémentaires. Et à Saint-Ouen, c'est la même chose. Au mois d'avril, il y a eu jusqu'à quatre nuits de travail supplémentaire pour l'équipe de nuit. Mercredi 22 avril, la direction annonçait au Comité d'établissement qu'il y en aurait encore en mai et en juin. Mais, cette fois, il s'agissait d'heures supplémentaires non payées puisque récupérables sur les périodes de chômage partiel antérieur. Une équipe se retrouvait à devoir travailler trois jours de plus sans être payés dont deux samedis. C'en était trop.

À l'appel de la CGT, le travail a cessé dans les secteurs de production le jeudi 23 avril à 11 h. Les ouvriers réclamaient le volontariat pour les heures supplémentaires. 80 % des ouvriers de l'équipe se sont mis en grève et ont attendu l'équipe suivante qui a rejoint le mouvement encore plus largement. La production était à l'arrêt. C'était le silence dans les ateliers dont le bruit dépasse en permanence les 85 décibels.

Le premier recul de la direction devant les 15 représentants des grévistes a été de proposer de payer les heures supplémentaires mais en les laissant obligatoires. Les grévistes ne voulaient pas de ça. À 21 h, l'équipe de nuit a été à son tour entraînée très majoritairement dans la grève.

La direction commençait à craindre l'arrêt d'une usine de montage car la production est en flux tendu. Elle commençait à recruter des briseurs de grève dans les autres usines parisiennes. Au moins une cinquantaine attendaient déjà, mal cachés dans des fourgons ou des voitures autour de l'usine.

À minuit, la direction acceptait qu'il n'y ait qu'une seule journée de récupération par mois jusqu'en juillet. Toutes les autres heures supplémentaires seront payées et au volontariat. Elle acceptait d'augmenter la prime pour les heures supplémentaires hors samedi de 31 euros à 45 euros. Elle acceptait le paiement des heures de grève.

Compte tenu aussi de ces engagements, les grévistes ont voté la reprise du travail à minuit et demi.

D'autres revendications avaient été mises en avant : l'augmentation des salaires de 150 euros et la remise à zéro des jours à récupérer. Mais chacun sentait que 250 grévistes sur une petite usine ne pouvaient obtenir seuls des revendications qui concernaient l'ensemble du groupe PSA.

La grève n'a pas été longue mais elle a été victorieuse et a renforcé la cohésion et la solidarité entre tous les ouvriers, dans chaque équipe, et entre les équipes. C'est un atout pour la suite, qui est d'ailleurs le sujet de conversation préféré des grévistes.

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