Continental - Clairoix (Oise) : Le bras de fer avec l'État et Continental30/04/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/05/une2126.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Continental - Clairoix (Oise) : Le bras de fer avec l'État et Continental

Lundi 27 avril, sept ouvriers de Continental recevaient une convocation pour être entendus par la police judiciaire, suite à la manifestation à la sous-préfecture du mardi 21 avril. Ce jour-là, 500 travailleurs avaient envahi la sous-préfecture de Compiègne et laissé éclater leur colère. Les médias faisant écho au gouvernement ont parlé de « saccage » pour des vitres brisées et des ordinateurs renversés. François Fillon, puis Alliot-Marie, la ministre de l'Intérieur, en avaient appelé à des arrestations. Les mêmes ne parlent pas de « violence » quand les patrons jettent à la rue des milliers de travailleurs !

À l'annonce des poursuites engagées, les ouvriers décidèrent d'aller immédiatement devant le commissariat de Creil : 600 travailleurs se rassemblèrent, rejoints par le maire de la ville et des élus. La délégation, reçue aussitôt par les responsables de police du département et le responsable de l'enquête judiciaire, demanda la suspension des poursuites. Le parquet confirma dans la soirée son accord sur cette demande. Cette mobilisation rapide de 600 manifestants est une démonstration de force de plus.

Depuis le 11 mars, jour de l'annonce par le patron de Continental de la fermeture de l'usine, les 1 120 travailleurs de Continental-Clairoix se battent pour obtenir des garanties pour leur avenir, à savoir le maintien des salaires jusqu'en 2012, des mesures d'âge pour les plus de 50 ans et une prime de 200 000 euros. Depuis des semaines, ils réclament que des discussions sur cette base s'engagent dans le cadre d'une réunion tripartite entre eux, l'État et Continental. Et il a fallu attendre le 21 avril au soir, juste après la condamnation par le gouvernement de l'explosion de colère des travailleurs de Continental, pour apprendre par la bouche de Luc Chatel, le secrétaire d'État à l'Industrie, et de Fillon le lendemain, l'organisation d'une telle réunion pour le mercredi 29 avril. En somme, le gouvernement souffle le chaud et le froid pour tester la détermination des travailleurs.

De son côté, dès le mardi 21 avril au soir, prétextant l'absence de sécurité du fait des vitres brisées du poste des gardiens, la direction de l'usine de Clairoix décidait de renvoyer les ouvriers chez eux. La direction de Continental savait qu'en lock-outant l'usine elle devrait payer les ouvriers à 100 %. Mais elle essaie de ne rien débourser. Elle s'est vantée, par écrit, d'avoir l'accord de l'État pour se faire payer le salaire des 1 120 salariés de l'usine par le biais du chômage partiel. Une économie d'au moins cinq millions d'euros. Et ce, alors que l'État affirmait il y a peu qu'il ne débourserait pas un centime à la place de Continental !

En tout cas, trois jours après être partis à 1 000 à Hanovre pour manifester avec leurs camarades allemands, ils étaient de nouveau 600 à Creil, et ils se préparent à manifester de nouveau nombreux sous les fenêtres du ministère à Bercy, mercredi 29 avril. Tout le monde a bien compris que la seule langue que comprennent État et patrons, c'est celle du rapport de force.

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