Grande-Bretagne - Manifestations contre le G20 : Colère populaire et brutalités policières08/04/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/04/une2123.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grande-Bretagne - Manifestations contre le G20 : Colère populaire et brutalités policières

La grande messe du G20, à Londres, aura revêtu un caractère un peu particulier, non pas du fait des non-décisions qui y ont été prises, mais du fait des nombreuses manifestations qui l'ont accompagnée à partir du 8 mars.

Pour l'essentiel ces manifestations ont été le fait d'une coalition aux contours plutôt flous, allant de l'extrême gauche à des groupes caritatifs religieux, en passant par une galaxie écologiste, tiers-mondiste et alter-mondialiste. Les thèmes choisis par cette coalition - « emploi, justice, environnement » - étaient destinés à ce que tout le monde puisse y trouver son compte.

Ce qui a donné à ces manifestations un caractère un peu différent de l'habitude a été la décision de la confédération syndicale TUC d'appeler à la manifestation du samedi 28 mars. Non pas que les leaders syndicaux aient fait de gros efforts pour mobiliser pour l'occasion, ni même d'ailleurs pour en informer les travailleurs, mais le seul fait que, pour la première fois depuis le début de la crise, le TUC appelle enfin à une manifestation nationale a eu pour effet de mobiliser nombre de militants syndicaux frustrés par la passivité des directions syndicales. Et cela même si, de toute évidence, les bureaucrates syndicaux avaient fait ce choix pour avoir l'air de faire quelque chose sans pour autant s'en prendre de front au patronat britannique, fauteur de crise et responsable des licenciements, ni au gouvernement travailliste de Gordon Brown, complice de ces méfaits.

Ce samedi-là, on vit donc de très nombreuses bannières syndicales, suivies de militants et de travailleurs en colère, apparaître au milieu d'un cortège rassemblant environ 100 000 participants, sans qu'il se produise, cette fois, le moindre incident.

Pour les manifestations des jours suivants, les syndicats n'avaient pas jugé bon de lancer d'appel. Le point culminant devait avoir lieu le 1er avril, sous la forme d'une série de rassemblements dans le vieux centre des affaires de la City et devant l'ambassade des USA. Pendant ce temps, le G20 se réunissait à 15 km de là, dans le parc des expositions mitoyen de Docklands, le nouveau centre des affaires ultra-luxueux bâti sur les bords de la Tamise, à l'est de Londres.

On n'avait jamais vu un tel déploiement policier. La City de Londres à elle seule (moins de trois kilomètres carrés) était littéralement occupée par 5 000 policiers venus de tout le pays, lourdement équipés de véhicules anti-émeutes, mais aussi de leurs inévitables chevaux.

Mais cela n'empêcha pas des dizaines de milliers de manifestants de converger vers le siège de la Banque d'Angleterre, pour exprimer leur colère contre ce capital financier dont l'avidité a causé la crise.

On a alors assisté à l'utilisation d'une tactique policière connue sous le nom de « kettling », une tactique consistant à ce que de très forts contingents de police anti-émeutes enferment des groupes de manifestants pendant des heures dans des espaces de plus en plus restreints. Au bout de 3 ou 4 heures de ce traitement, soit la colère explose, soit des manifestants se trouvent mal - dans un cas comme l'autre c'est le signal pour la police pour foncer dans le tas et arrêter quiconque lui tombe sous la main. D'autant que pendant tout ce temps, les pandores sont chauffés à blanc par leurs officiers et de plus en plus impatients d'en finir.

Outre le nombre d'arrestations et de blessés qui reste secret, c'est cette tactique qui a causé la mort d'Ian Tomlinson, un marchand de journaux de rue travaillant habituellement dans la City, qui, jeté à terre par un policier, est mort terrassé par une crise cardiaque. Il ne faisait même pas partie des manifestants, mais dans l'état d'excitation où ils étaient, les policiers ne faisaient pas de quartier.

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