Sans-abri : Humaniser les places d'hébergement ? Il faudrait d'abord les créer !07/01/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/01/une2110.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sans-abri : Humaniser les places d'hébergement ? Il faudrait d'abord les créer !

La ministre du Logement Christine Boutin a annoncé samedi 3 janvier 110 millions d'euros pour l'humanisation des centres d'hébergement, ce qui revient à considérer qu'ils sont suffisants pour ce qui est du nombre de places.

La ministre voulait ainsi répondre à des associations de sans-abri qui, fin décembre, menaçaient de couvrir la France de plusieurs dizaines de milliers de tentes. Elle avait même fait le déplacement dans un centre d'hébergement d'urgence pour y faire son annonce.

Les centres d'hébergement d'urgence qui existent sont pour beaucoup sales et insalubres, les résidents y subissent régulièrement des vols ; en un mot, la cohabitation qui y est imposée rend l'accueil très difficile, voire impossible. Ces 110 millions d'euros ne vont pas y changer grand-chose. Comme l'a fait remarquer un directeur de centre d'hébergement, cela ne représenterait en effet que 1 100 euros par SDF sur un an. Mais surtout, contrairement à ce que le gouvernement veut faire croire, il y a un manque criant de centres d'hébergement d'urgence.

Il avait d'ailleurs lui-même commandé une enquête, dite Solen, dont les résultats ont été connus en juin, et qui porte sur l'année 2007. Elle indique que le nombre de places en centres d'hébergement est bien en deçà des besoins puisque 47 % des demandes d'hébergement ont été refusées en 2007, dans 73 % des cas du fait d'un manque de places disponibles ; avec une mention spéciale pour l'Ile-de-France, où 64 % des demandes ont été rejetées, dans 78 % des cas par manque de places.

Une situation que confirment les rapports des associations de mal-logés, notamment la Fondation Abbé Pierre, qui parle de 60 000 places en centres d'hébergement pour 100 000 sans-abri.

Et la pénurie générale de logements est telle que moins de 10 % des personnes sortant de ces centres d'hébergement (4 % à Paris) parviennent à retrouver par la suite un logement durable.

La ministre du Logement peut essayer de jouer les dames patronnesses en expliquant que " les tentes, ce n'est pas une solution " et qu'il faut au contraire humaniser les places d'hébergement en les transformant en logements individuels. Elle peut aussi faire la leçon aux sans-abri qui refusent de se rendre dans les centres d'hébergement. Elle démontre surtout, comme tous les membres du gouvernement, une évidente mauvaise foi.

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