Leur société

Restos du coeur : Face à la misère grandissante

« 80 millions de personnes vivent au-dessous du seuil de pauvreté dans l'Europe des vingt-sept », peut-on lire dans une plaquette distribuée par les Restos du coeur. Et le texte de préciser : 80 millions, « c'est le pays européen le plus peuplé ». C'est dire si la misère s'accroît dans tous les pays, même les plus riches, touchant maintenant des personnes de toutes professions ou presque, de tous sexes, de tout âge : des jeunes sans emploi, des familles monoparentales, des travailleurs dits pauvres, c'est-à-dire sous-payés, des retraités dont les pensions ne suffisent pas...

Cela fait maintenant vingt-cinq hivers que les Restos ouvrent leurs portes. Quand ils se sont créés en 1985, Coluche et ses amis chantaient : « Aujourd'hui on n'a plus le droit d'avoir faim ni d'avoir froid », et surtout ils pensaient que leurs actions, leurs gestes, qu'ils espéraient symboliques, seraient provisoires. Cela ne l'a pas été. Vingt-trois ans après, les repas annuellement servis ont été multipliés par onze, passant de 8,5 millions en 1985-1986 à plus de 90 millions en 2007-2008.

Cette année, pour la campagne 2008-2009, et avant même son ouverture, les inscriptions étaient déjà en hausse de 5 à 10 % par rapport à la campagne précédente, et le président des Restos, Olivier Berthe, s'est dit très soucieux quant aux effets de la crise économique sur les capacités financières de la population et, par voie de conséquence, sur l'afflux que connaîtront les Restos.

Une fois encore, près d'un demi-million de donateurs et plus de 50 000 bénévoles aideront, chacun à leur façon, les demandeurs, mais ils resteront seuls à leur tendre la main et à les accueillir. Le gouvernement, en la personne du ministre du Travail Xavier Bertrand, est certes venu apporter son « soutien » aux Restos, soulignant avec une certaine dose d'hypocrisie que « l'appel de Coluche résonnait toujours » et appelant « à jouer la carte de la solidarité nationale ». Mais l'apport de la part du gouvernement consiste en une aide de cinq millions d'euros, à laquelle devront s'ajouter d'autres versements venant de la Communauté européenne. Tout cela est peu, bien peu au regard des besoins. Et même pour ce qui concerne le maintien d'un millier de contrats aidés, actuellement embauchés par l'association, le ministre a seulement répondu par un évasif : le « message est entendu ».

Le vendredi 29 novembre et le samedi 30, les banques alimentaires collectaient des produits divers pour les démunis dans toutes les grandes surfaces ; produits ensuite redistribués à diverses associations, dont les Restos du coeur. Face à l'augmentation de la pauvreté, elles s'étaient fixé l'objectif de 10 000 tonnes de boites de conserve, paquets de pâtes, gâteaux, couches pour bébé, etc. Objectif atteint et même dépassé... seulement du fait de la générosité des milieux populaires.

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