Hôpitaux publics : Les projets Bachelot dans la région lilloise03/12/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/12/une2105.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Hôpitaux publics : Les projets Bachelot dans la région lilloise

En présentant son projet de loi intitulé « hôpital, patients, santé, territoires », Roselyne Bachelot affirme garantir « des soins de qualité sur tout le territoire ». En fait c'est une aggravation de la politique de fermeture de services et de suppressions de postes dans les hôpitaux publics.

Cette politique, poursuivie sous les différents gouvernements de droite comme de gauche, s'est beaucoup accentuée avec le nouveau financement des hôpitaux : la tarification à l'acte (la T2A). Certains soins ou prises en charge sont mal ou pas rétribués par la Sécurité sociale et n'intéressent donc pas les cliniques privées, mais aussi, à l'avenir, de moins en moins les hôpitaux publics. Par exemple, la prévention du diabète : il serait question de supprimer les diététiciennes pour les personnes à qui on vient de découvrir un début de diabète pendant la grossesse. La prévention, ça n'est pas payant pour le budget de l'hôpital, couper un pied diabétique ça rapporte plus... !

Autre exemple : le prix de l'accouchement a baissé deux fois. C'est un acte devenu peu rentable, surtout s'il est associé à des pathologies lourdes. Sur la métropole lilloise, une clinique privée vient d'arrêter son activité maternité, une autre l'a réduite en doublant le dépassement de tarif, soit 2 000 euros à la charge de la maman. Ces lits sont remplacés par de la chirurgie qui est plus lucrative. Dans le même temps, en trois ans, la maternité du CHRU de Lille est passée de 4 200 à 5 200 accouchements et la direction a déjà supprimé dix postes car elle serait toujours en déficit.

Cette nouvelle tarification a rendu déficitaires les budgets de presque tous les établissements hospitaliers. Le ministère de la Santé veut maintenant supprimer ces déficits, imposer des regroupements d'hôpitaux et augmenter encore plus le partenariat public-privé. Mais certains directeurs restent un peu attachés à la défense du service public et traînent encore trop les pieds pour tailler dans les effectifs. De plus, les maires, même de droite, qui sont les présidents des Conseils d'administration d'hôpitaux, s'opposent souvent aux fermetures de maternité et de chirurgie. Alors, le projet de loi prévoit la disparition du Conseil d'administration, avec représentants de la population et du personnel. À la place, ce serait un conseil stratégique avec des membres sous les ordres de l'Agence Régionale de Santé et un directeur désigné par le Conseil des ministres.

Le projet de loi Bachelot a pour objectif la mise en place de « territoires hospitaliers pour recomposer l'offre de soins ». Sur la métropole lilloise, sept établissements publics seraient regroupés : Lille, Armentières, Hazebrouck, Tourcoing, Roubaix, Seclin, Wattrelos. Les menaces de fermeture de services de chirurgie commencent déjà pour Armentières (25 000 habitants), Hazebrouck (21 000 habitants), Seclin (12 000 habitants), Tourcoing (93 000 habitants)... Et après la chirurgie, en général, on supprime la maternité. Cela pourrait entraîner la suppression de centaines de postes et des difficultés pour des dizaines de milliers de malades.

Avec l'augmentation de la coopération public-privé, les cliniques privées prennent et même tentent de monopoliser le plus lucratif, en particulier la petite chirurgie. Mais, du coup, on risque de ne plus pouvoir effectuer certaines interventions à l'hôpital public. À Lille, il faut déjà bien souvent aller en clinique pour une prothèse de hanche avec 750 euros de dépassement de tarif !

Si ces nouvelles réformes se mettent en place, elles vont aggraver la situation déjà difficile des hôpitaux, avec des milliers de suppressions de postes et une dégradation de l'accès aux soins pour les malades. Il faudra que le personnel hospitalier et la population se mobilisent pour empêcher ces mauvais coups.

Partager