Dans les entreprises

Centrale nucléaire de Cattenom (57) : Les arrêts de tranche réduits... pour augmenter les tranches de bénéfices

Depuis qu'EDF est privatisée, son objectif n'est plus seulement de fournir le pays en courant électrique, mais de produire et de vendre le plus d'électricité possible sur le marché afin de satisfaire ses actionnaires, même si c'est l'État l'actionnaire majoritaire avec 87,3 % du capital. Pour produire plus, EDF veut donc faire tourner au maximum ses centrales nucléaires en diminuant les arrêts de tranche.

La centrale nucléaire de Cattenom est constituée de quatre réacteurs nucléaires, chacun constituant une tranche avec les installations (turbine, alternateur) qui lui sont associées. Périodiquement, les réacteurs doivent être mis à l'arrêt pour des travaux de maintenance. La centrale est alors un immense chantier où le nombre de travailleurs double, passant de 1 200 agents EDF à plus de 2 500 personnes, avec les entreprises extérieures chargées des travaux.

Un Centre opérationnel de pilotage des arrêts de tranche (COPAT) est en train de se mettre en place, avec l'objectif de limiter au maximum la durée des arrêts, en mettant tout le monde sur le pont, en généralisant le travail de nuit. Peu importe à la direction que, comme l'a rappelé le médecin du travail, l'homme soit un animal diurne. Rien n'y fait.

La volonté d'EDF est que le maximum de personnel travaille en continu, passe d'une tranche à une autre, d'un réacteur à un autre, devienne polyvalent, histoire de pressurer au maximum les travailleurs. Histoire aussi de supprimer à terme les astreintes, qui sont bien mieux payées. Actuellement, dès qu'il y a un problème, des travailleurs en astreinte sont appelés en renfort, mais la volonté de la direction est de remplacer les astreintes par du travail en continu généralisé.

C'est toute l'organisation du travail dans la centrale qui est chamboulée dans une logique purement financière. La pression sur le personnel s'accroît partout et de mille façons. Même sur les cadres, qui font des heures supplémentaires en pagaille, non payées bien sûr.

Ainsi, dans la mise en place du COPAT, il était prévu que deux équipes de cadres de direction travaillent en continu et fassent deux fois douze heures, pour assurer une permanence de la direction sur le site. Travailler 12 heures serait ainsi « un gage d'efficacité au travail » et même « un gage de sérénité au travail ». Mais ceux qui écrivent ce genre de note ne travaillent certainement pas la nuit ! Cette organisation du travail en deux fois douze a été, pour l'instant, refusée par l'inspection du travail au motif qu'elle était contraire à la loi, dictée par la seule recherche de rentabilité.

En attendant, les affaires d'EDF vont bien : le chiffre d'affaires est à la hausse de plus de 8 % au troisième trimestre. EDF va donner à ses actionnaires un acompte sur dividende de 64 centimes par action.

L'État va ainsi empocher un bon milliard d'euros. De l'argent frais qui lui permettra de faire de nouveaux cadeaux aux banques ou aux industriels sous prétexte de crise économique.

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