La crise de l'économie capitaliste et les moyens de se défendre11/09/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/09/une2093.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

La crise de l'économie capitaliste et les moyens de se défendre

Il y a quelques semaines encore, tous les ministres, à commencer par celle de l'Économie, répétaient que, malgré la crise financière internationale, l'économie française ne s'en sortait pas trop mal grâce à la politique de " réformes " de Sarkozy et compagnie. Les ministres sont payés pour mentir, et ceux de l'équipe Sarkozy n'avaient pas à forcer leur talent tant que les entreprises et, en particulier, les plus grandes dont ils servent les intérêts affichaient des profits conséquents.

Que la population laborieuse soit poussée vers la pauvreté en partie en raison desdites " réformes " du gouvernement les inquiétait d'autant moins que c'était justement le but recherché : sauver la mise aux riches au détriment des plus pauvres.

Mais voilà qu'il devient de plus en plus évident que l'économie s'enfonce dans la récession. Fillon lui-même est obligé de reconnaître que le chiffre de croissance que son gouvernement avait annoncé pour 2008 sera à diviser par deux. Au deuxième trimestre, l'économie n'était pas en croissance mais en franc recul. La crise financière est en passe de se transformer en crise économique tout court.

Dans l'immobilier, les agences ferment les unes après les autres et surtout les programmes de construction sont ralentis ou arrêtés, avec un nombre croissant de travailleurs du bâtiment mis à la porte.

Dans l'automobile, Renault comme Peugeot-Citroën, anticipant la chute durable des ventes de voitures, se proposent de vendre moins d'automobiles mais plus cher. Après les intérimaires, c'est à l'ensemble de leurs travailleurs qu'elles imposent du chômage technique et la réduction d'effectifs.

L'entreprise automobile américaine General Motors, une des plus grandes du monde, parle de la menace d'une faillite. Mais la hausse du chômage qui résulte des diminutions d'effectifs diminue encore la consommation populaire et aggrave la crise. Aux États-Unis, la citadelle la plus riche du capitalisme, des centaines de milliers de familles populaires, mises dans l'incapacité de rembourser leurs dettes hypothécaires, sont jetées à la porte de leurs logements. Mais, en même temps, le gouvernement de Bush, grand pourfendeur de l'étatisme, débourse la somme fantastique de 200 milliards de dollars pour racheter deux institutions financières, les nationalisant de fait, pour dédommager les financiers des pertes dues à leurs propres spéculations.

La crise est l'expression de l'aberration d'un système économique où on ne produit pas pour satisfaire les besoins mais uniquement pour vendre avec profit à une clientèle solvable. La situation de l'immobilier en est l'illustration douloureuse. On freine les constructions alors qu'il y a en France trois millions de mal-logés. Mais qu'importe aux promoteurs immobiliers le nombre de sans-logis, de taudis infâmes, seul compte leur tiroir-caisse !

C'est un système économique qui gaspille les capacités productives de la société, un système aussi fou qu'injuste qui s'étouffe dans sa propre graisse et qui ne peut pas être amélioré. Le seul programme qui offre une perspective de salut pour les classes populaires est la destruction du système capitaliste par la suppression de la propriété privée des entreprises, grandes et moyennes, par la disparition de la concurrence et de la recherche du profit privé.

Le Parti Socialiste comme le Parti Communiste ont, depuis très longtemps, abandonné cette perspective qui était la leur à leurs origines, pour se mettre au service des capitalistes. Mais elle reste cependant la seule valable pour le mouvement ouvrier. L'objectif qui devrait s'imposer dans l'immédiat pour toutes les organisations politiques ou syndicales qui se revendiquent de la classe ouvrière est de refuser que la classe capitaliste fasse payer la crise aux travailleurs. La seule classe productive de cette société, celle qui fait tout, n'a pas à payer pour les soubresauts d'une économie bâtie sur son exploitation.

Il est vital de s'opposer à toute aggravation du chômage en interdisant les licenciements et en imposant la répartition du travail entre tous sans diminution de salaire. Il est vital de préserver le pouvoir d'achat des salaires en imposant leur indexation automatique et immédiate sur les prix. Et ces deux objectifs vitaux exigent que les travailleurs imposent leur contrôle sur les entreprises, leurs finances, leurs décisions, comme sur l'ensemble de l'économie.

Arlette LAGUILLER

Éditorial des bulletins d'entreprise du 8 septembre

Partager