Dans le monde

Haïti : Une catastrophe climatique amplifiée par la misère

En Haïti, le nombre des victimes dues aux cyclones Fay, Gustav, Hanna et Ike qui se sont succédé ces trois dernières semaines ne cesse de s'alourdir. Les sources officielles font déjà état de 600 morts et un million de personnes sinistrées.

Mais ces chiffres sont sûrement loin de la réalité car bien des villages sont inaccessibles, les routes et les ponts ayant été emportés. Et nul ne peut prévoir combien d'hommes, de femmes et d'enfants mourront des suites de ces intempéries, des épidémies de choléra ou de typhoïde qui menacent, ou tout simplement de soif ou de faim.

Certes, ce pays est situé dans une région particulièrement exposée aux cyclones et aux tempêtes tropicales. Mais pourquoi les mêmes phénomènes climatiques font-ils cinquante ou cent fois plus de victimes en Haïti que dans les pays voisins, comme en Floride ou même à Cuba ? C'est qu'en Haïti, l'appareil d'État est incapable d'anticiper et d'alerter les populations en cas de danger, et qu'il n'y a aucun plan pour leur permettre de se réfugier loin des régions menacées. Ensuite, les pauvres s'entassent dans des habitations de fortune construites là où ils peuvent, c'est-à-dire le plus souvent dans des zones inondables. Dans ce pays sous-développé, il n'y a pas de système d'assainissement et d'évacuation des eaux, et le peu d'installations qui existent n'est pas entretenu.

Aujourd'hui, les représentants des Nations unies tirent la sonnette d'alarme, évoquant la situation dramatique des sinistrés et les difficultés à acheminer les secours. Mais depuis combien d'années l'ONU entretient-elle un important dispositif militaire dit " de stabilisation " en Haïti ? N'avait-elle pas les moyens de construire les infrastructures et les équipements qui aujourd'hui font défaut ? N'avait-elle pas les moyens d'agir dès l'annonce du premier cyclone ? Quant aux États-Unis, dont les côtes ne sont qu'à quelques encablures d'Haïti, ils viennent seulement de promettre l'envoi de quelques hélicoptères. Les grands moyens et les merveilles de technologie dont ils disposent servent à tuer en Irak ou en Afghanistan, pas à sauver des vies.

Ce n'est donc pas la fatalité qui tue en Haïti. Les populations sont bien plus victimes de leur propre misère et du sous-développement de leur pays que des phénomènes climatiques. Quant aux responsables de cette situation, ils sont à chercher du côté des impérialismes français et américain car, de l'exploitation coloniale et esclavagiste à celle des trusts d'aujourd'hui, ces grandes puissances n'ont cessé de pomper les ressources d'Haïti, ne laissant derrière elles qu'un pays exsangue et des populations démunies de tout.

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