Dans le monde

Excuses de l'Italie à la Libye : Berlusconi à l'aide des capitalistes italiens

En visite le 30 août en Libye, le Premier ministre italien Berlusconi a signé un accord qui selon lui " équivaut à une reconnaissance totale et morale des dégâts infligés par l'Italie à la Libye pendant l'époque coloniale ".

Il s'est adressé à ses hôtes pour " exprimer, au nom du peuple italien, notre regret et nos excuses pour les blessures profondes que nous vous avons causées ". Il est prévu des campagnes d'élimination des mines enfouies par l'armée italienne sur le sol libyen à l'époque coloniale, de 1911 à 1943, et l'octroi de pensions d'indemnisation aux victimes.

Pour faire bonne figure, Berlusconi a rapporté une statue dérobée par des archéologues italiens en 1911. Et il a salué le fils d'Omar Mokhtar, dirigeant de la résistance nationaliste contre le colonialisme italien, pendu en public sur ordre de Mussolini en 1931.

Mais Berlusconi a aussi déclaré crûment : " L'accord nous permettra d'avoir moins de clandestins et plus de gaz et de pétrole libyen qui est d'une excellente qualité. " Il ne s'est donc pas subitement transformé en défenseur des peuples : ses gestes en faveur de la Libye sont un élément d'un marchandage.

Il ne coûte rien aux capitalistes de reconnaître, bien après coup, que le colonialisme italien n'existe plus en Libye, qui est indépendante depuis 1951 ! Cela peut même leur rapporter gros, d'autant que depuis l'arrivée de Kadhafi au pouvoir, en 1969, l'État libyen a de la ressource puisqu'il récupère une partie de la rente pétrolière, au lieu d'en laisser la quasi-totalité aux compagnies pétrolières des pays riches, comme c'était le cas auparavant.

L'accord avec l'Italie prévoit effectivement plusieurs projets en Libye tels que la construction d'une autoroute côtière de la frontière tunisienne à la frontière égyptienne, et d'un " très grand nombre " de logements. Berlusconi a cité le chiffre de 200 millions de dollars par an d'investissements italiens en Libye sur une période de 25 ans. L' " aide " à la Libye serait ainsi surtout une aide... aux industriels italiens.

L'autre point du marchandage concerne l'immigration. Des patrouilles maritimes mixtes italo-libyennes feront la chasse aux travailleurs africains qui tentent de gagner clandestinement l'Europe. Berlusconi de même que Sarkozy contraignent une partie de la classe ouvrière immigrée à la clandestinité et se font fort d'obtenir des pays africains qu'ils fassent eux-mêmes la police à l'encontre des émigrants. Cela rendra encore plus difficile, et surtout plus meurtrière, la traversée de la Méditerranée, mais nombre de migrants ne renonceront pas, car ils n'ont pas le choix. L'impérialisme, qu'il soit français ou italien, aggrave la misère en Afrique, provoquant un besoin irrésistible de partir chez toute une partie de la jeunesse.

Kadhafi interne déjà dans des camps des travailleurs africains en route vers l'Europe, avant de les renvoyer dans leur pays. Et il se plie un peu plus à la demande des États européens, dont Berlusconi s'est fait le représentant, pour faire encore plus la chasse à ceux qui, désespérés, tentent de fuir la misère.

Partager