États-Unis : Le gouvernement prêt à ruiner la population pour sauver les spéculateurs11/09/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/09/une2093.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : Le gouvernement prêt à ruiner la population pour sauver les spéculateurs

Le secrétaire d'État américain au Trésor - l'équivalent du ministre des Finances - a annoncé le dimanche 7 septembre que l'État mettait sous tutelle les deux principaux organismes de prêts hypothécaires américains, Fannie Mae et Freddie Mac. Il s'agit du plus grand sauvetage financier par l'État d'entreprises du secteur privé. En effet, non seulement le Trésor américain va injecter rapidement jusqu'à 100 milliards de dollars dans chacune de ces entreprises, mais il prendra désormais à sa charge, sans limitation, les quelque 5 400 milliards de dollars de prêts possédés ou garantis par les deux organismes. Il s'agit là de 45 % de la totalité des prêts hypothécaires du pays, pas moins !

Fannie Mae a été créé par le gouvernement américain en 1934, pendant la grande dépression, pour racheter aux banques des prêts hypothécaires. Présenté comme un organisme permettant à des gens de condition modeste d'accéder à des prêts immobiliers, il permettait surtout aux banques d'échapper aux risques.

En 1968, Fannie Mae, dont les affaires étaient alors florissantes, fut en partie privatisé et coté en bourse. Dans la foulée, en 1970, Freddie Mac fut créé comme une agence de prêts hypothécaires gouvernementaux, privatisé ensuite en 1989. Mais maintenant que les capitaux privés ont acculé à la ruine ces organismes qui bénéficiaient d'une garantie de l'État, l'État les reprend.

Une faillite annoncée

En 2006, au début de la crise immobilière, le gouvernement a assoupli les règles financières que les deux organismes étaient censés respecter de façon à leur permettre de racheter des prêts immobiliers à des entreprises financières en difficulté, à les sauver ainsi de la faillite et leur permettre de continuer à consentir des prêts. Ayant ainsi racheté une énorme quantité de titres qui ont désormais perdu toute valeur, sans pour autant mettre fin à la crise, ce sont maintenant Fannie Mae et Freddie Mac qui sont au bord de la faillite, endettés à hauteur de 1 600 milliards de dollars et ayant perdu quelque 14 milliards de dollars en un an.

Et encore, il s'agit là des chiffres officiels, dont personne ne sait s'ils sont fiables. En 2004, les comptes de Fannie Mae avaient déjà dû subir un sérieux nettoyage à hauteur de 6,5 milliards de dollars et les trois principaux dirigeants de Fannie Mae avaient été condamnés à une amende de 100 millions de dollars pour avoir ainsi voulu augmenter leur bonus. Quant à Freddie Mac, il a dû payer 3,8 milliards de dollars en 2006 pour lobbying illégal auprès de membres de la commission immobilière de la Chambre des représentants. Cela n'a pas empêché le gouvernement de leur laisser la bride sur le cou, encourageant ainsi les prêts risqués.

Le contribuable va payer

Avec la reprise des deux organismes, l'État rassure dans l'immédiat banques et organismes financiers, qui savent que ce seront les contribuables qui paieront pour les sauver de la faillite. Ils paieront pour l'argent que le Trésor va injecter dans l'immédiat mais aussi pour tous les défauts de paiements à venir puisque c'est désormais l'État qui paiera à la place des emprunteurs défaillants. Sans limitation ? C'est ce qu'a dit le secrétaire au Trésor pour tenter de rassurer. Mais le montant des prêts en question est cinq fois plus élevé que les réserves du Trésor américain. Et rappelons tout de même que depuis un an déjà l'État américain n'a cessé d'y puiser pour tenter d'enrayer la crise et de rétablir la confiance dans ce système de fous. Sans succès.

C'est dire que c'est toute la population laborieuse qui va se voir imposer d'énormes sacrifices pour que le gouvernement puisse continuer à injecter des centaines de milliards de dollars pour sauver les plus gros spéculateurs. Et cela quel que soit le futur gouvernement des États-Unis puisque les deux candidats à la présidence ont approuvé le plan de sauvetage actuel. Le seul espoir, c'est que la population refuse de payer et mette un coup d'arrêt à cette politique qui ruine toute la société pour sauver la mise d'une petite minorité.

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