Leur société

Archipel des Comores : Misère et immigration

À la fin juillet une frêle embarcation, un kwassa-­kwassa, a chaviré entre l'île d'Anjouan et l'île française de Mayotte dans l'archipel des Comores, situé dans l'Océan Indien, au nord-ouest de Madagascar. À son bord, il y avait une trentaine de passagers. Six d'entre eux ont trouvé la mort. Entre dix et vingt ont disparu et six autres, rescapés, ont pu rejoindre Mayotte.

Ce genre de drame est malheureusement fréquent dans ces eaux comoriennes. De nombreux Comoriens, des Anjouanais pour la plupart, tentent d'entrer à Mayotte pour y trouver du travail, ou tout simplement pour rejoindre leur famille présente dans l'île. L'an dernier, à la même période, pas moins de quatre naufrages avaient eu lieu, coûtant la vie à plus de cent personnes et faisant presque autant de disparus. Depuis douze ans entre 5 000 et 6 000 personnes, comoriennes mais aussi malgaches, sont mortes en tentant le passage.

En apprenant la nouvelle, Yves Jégo, le ministre de l'Outre-mer, s'est dit « horrifié » par ce tragique accident. Il veut « insister auprès de l'Union des Comores sur l'urgence de renforcer les contrôles des lieux de départ des embarcations pour empêcher tout nouvel accident mortel ».

Ce qui préoccupe Jégo c'est d'abord la limitation des entrées sur ce territoire. Moins de départs signifient moins de contrôles à l'arrivée, moins de reconduites à la frontière et donc moins de dépenses pour l'État français.

Rappelons que c'est l'État français qui a transformé du jour au lendemain les Comoriens en "étrangers" en instaurant en 1995 un visa pour entrer à Mayotte, mettant fin à la libre circulation qui existait y compris après 1974, année où les Mahorais ont décidé que leur île devait rester rattachée à la France.

Une autre discrimination est à mettre sur le compte de l'État français. Depuis la mise en place de la Sécurité sociale à Mayotte en 2005, les personnes qui sont en situation irrégulière et, par conséquent, non affiliées à la Sécu ne peuvent plus se faire soigner gratuitement, même pas pour des soins urgents. Elles ne peuvent ni prétendre à la CMU, ni à l'Aide médicale d'État. Selon Médecins du Monde, cette situation est une « exception » sur le territoire français.

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