Renault Flins - Produit toxique : La direction savait26/06/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/06/une2082.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault Flins - Produit toxique : La direction savait

Suite au décès d'un des leurs, parti en retraite depuis trois mois, des travailleurs de Renault Flins se sont interrogés sur le rôle qu'avaient pu jouer les produits utilisés dans l'entreprise dans le déclenchement de ce cancer de la gorge qui l'a emporté en quelques mois. Un délégué Hygiène et Sécurité a ainsi cherché des renseignements sur le liquide utilisé par les travailleurs sur machines-outils pour le refroidissement et la lubrification appelé « Microgrind N 3760 ».

La « fiche produit » que possède la maîtrise ne contenait rien de particulier. Mais, après quelques questions, il s'est avéré que le responsable Renault des produits chimiques utilisés dans l'usine détenait une documentation beaucoup plus complète indiquant, entre autres, que le produit en question peut libérer du formaldéhyde. Suivait une liste de précautions à prendre : la nécessité pour les travailleurs de revêtir un équipement de protection individuelle (gants, lunettes, vêtement), de retirer immédiatement tout vêtement souillé ou éclaboussé, de se laver les mains après manipulation avant les pauses et en fin de journée, l'interdiction de rejeter les produits à l'égout, l'obligation d'éviter toute fuite dans le sous-sol, car même une petite quantité est un danger pour la nappe phréatique.

Une procédure de danger grave et imminent alerta la direction qui d'abord nia les dangers du Microgrind, puis le retira de tous les ateliers moins d'une heure plus tard, en donnant l'ordre de purger toutes les machines qui en contenaient, par « mesure conservatoire » selon ses propres termes.

En réalité elle connaissait évidemment les risques. Le formaldéhyde a été classé comme « cancérigène certain » (catégorie 1) par le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer) en 2004 après avoir été simplement « suspecté » de l'être. Dès 2002, la CGT de Renault Cléon, en Seine-Maritime, avait déposé un « danger grave et imminent » car des travailleurs exposés à ce gaz se plaignaient d'irritations, de maux de gorge, de problèmes respiratoires et cutanés.

À Flins, cela fait des années que le Microgrind dégage du formaldéhyde, qui est inhalé par les tourneurs, les fraiseurs et les metteurs au point. On ne sait pas s'il a ou non joué un rôle dans le déclenchement du cancer de notre camarade. Mais jamais la direction n'a informé les travailleurs des dangers réels et des précautions à prendre. Et rien que cela témoigne d'un mépris scandaleux pour la santé des travailleurs et de la nécessité, pour ceux-ci, d'être perpétuellement vigilants.

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