Projet de diminution de la prise en charge des maladies graves : Une crapulerie contre les plus démunis26/06/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/06/une2082.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Projet de diminution de la prise en charge des maladies graves : Une crapulerie contre les plus démunis

Pour l'année 2008, le déficit de la Caisse d'Assurance Maladie devrait avoisiner les 4,1 milliards d'euros. À l'annonce de ce chiffre, le ministre du Budget, Éric Woerth, a donné sa consigne : « Il faut redoubler nos efforts de maîtrise des dépenses ». Il n'a même pas fallu une semaine pour que le directeur de l'Union nationale des Caisses d'assurance maladie annonce son remède : une nouvelle amputation des remboursements...

Cette fois, il s'agirait de diminuer le remboursement de certains médicaments prescrits aux malades atteints d'affections de longue durée (ALD). Aujourd'hui, pour ces malades, la totalité des traitements liés à l'ALD est prise en charge à 100 % par la Sécurité sociale - par exemple, pour un malade atteint d'un cancer, la chimiothérapie mais aussi les médicaments lui permettant d'éviter les nausées et vomissements consécutifs au traitement. Si cette nouvelle mesure voyait le jour, le médicament contre les nausées ne serait plus remboursé qu'à 35 %. Ben voyons, ce n'est qu'un « médicament de confort » ! Et il en irait de même pour les diabétiques, les hémophiles, les épileptiques, les malades atteints d'hypertension, du Sida, de Parkinson, d'Alzheimer... pour les huit millions de personnes atteintes d'une des trente ALD aujourd'hui répertoriées.

Sans vergogne, le haut fonctionnaire patron des caisses de Sécurité sociale n'hésite pas à affirmer qu'il faut en passer par là puisqu'avec le vieillissement de la population, le nombre de patients atteints d'une ALD augmente de 4 % par an et que ce sont eux qui coûtent le plus cher. Et il propose donc de sortir du dispositif les malades atteints d'hypertension et certains diabétiques. Mais quand va-t-il donc proposer de tuer tous les vieux qui ont l'outrecuidance d'être malades ?

Après les protestations suscitées par l'annonce de ces mesures, la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot tout en maintenant qu'une décision sur la proposition du directeur de l'assurance-maladie serait prise vers le 15 juillet, a déclaré que le principe de la prise en charge à 100 % des affections longue durée serait préservé ; cela laisse entendre que le moindre remboursement de ces médicaments serait compensé par une prise en charge des organismes complémentaires et des mutuelles. Et tous ceux qui n'en ont pas ? Et de toute manière que feront les mutuelles sinon augmenter leurs tarifs pour compenser cette charge supplémentaire ?

Après le forfait de un euro sur les consultations, les franchises médicales, les déremboursements de centaines de médicaments, cette nouvelle mesure serait, si elle advient, une attaque de plus contre la santé des plus démunis. Ils se soigneront moins, souffriront plus, et finiront par être condamnés à mourir plus vite dans une société riche où les avancées médicales sont pourtant nombreuses.

Et tout cela, de l'aveu même des initiateurs de la réforme, pour économiser... 250 millions d'euros, c'est-à-dire 6 % du déficit attendu ! Alors que le total des exonérations de cotisations sociales que l'État consent aux patrons s'élève, lui, à plus de 22 milliards d'euros, de quoi boucher tout le « trou » de la Sécurité sociale et même de rendre les caisses largement excédentaires !

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