Michelin Cholet (Maine-et-Loire) : Chantage à l'investissement26/06/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/06/une2082.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Michelin Cholet (Maine-et-Loire) : Chantage à l'investissement

Il y a un peu plus d'un an, Michelin décidait de transférer une ligne de production de l'usine de Bourges vers le site de Cholet. Il expliquait que pour garantir l'avenir des deux usines, il fallait les spécialiser : pneus d'avion pour Bourges, pneus 4x4 et camionnettes pour Cholet.

À Bourges cette décision s'est traduite par la suppression de dizaines d'emplois et la direction a fait pression sur les salariés concernés pour qu'ils acceptent les mutations vers d'autres sites sous peine de chômage. À Cholet, les travaux d'installation avaient donc commencé, mais le 10 juin, la direction annonçait qu'elle les suspendait et que le projet était arrêté temporairement. Elle a tenté de se justifier dans de multiples réunions d'atelier en déclarant par l'intermédiaire de ses chefs qu'il y avait un retard de 8 % de production par rapport aux objectifs, qu'il y avait trop de pannes, pas assez de qualité, trop d'accidents de travail et qu'il fallait avant tout avoir de meilleurs résultats sur les lignes déjà existantes.

Nous ne savons pas, bien sûr, si Michelin reprendra son projet ou s'il l'abandonnera en estimant que le marché est à la baisse. Comme toujours, la direction essaie de culpabiliser les salariés, de les rendre solidaires de sa politique en maintenant un climat d'insécurité de l'emploi pour qu'ils « mettent la gomme ».

Pourtant, la direction a répété à de nombreuses reprises que le transfert d'une ligne de Bourges n'apporterait pas un emploi de plus à Cholet, une usine où, en dix ans, les effectifs sont passés de 1 900 CDI à 1 370. Il y a trois ans, le patron a supprimé une ligne de production mais celle-ci est restée globalement la même. Michelin se paie même le culot par voie de presse de déclarer qu'il a du mal à embaucher car le chômage est trop faible dans la région ! En un mot, s'il y a des problèmes ce serait donc la faute des travailleurs qui ne travaillent pas assez ou pas assez bien, ou encore la faute des chômeurs qui ne voudraient pas travailler !

Depuis de nombreux mois les conditions de travail se sont dégradées au point que les accidents très graves se sont multipliés : une ouvrière a eu le bras amputé sur une machine qui pourtant avait été interdite en 2000 pour ce même genre de travail ; un travailleur a pris feu et a été amputé des dix doigts ; un autre d'une entreprise de sous-traitance a été victime d'un court-circuit dans une station électrique... Et qui plus est, la direction fait pression pour que les salariés ne déclarent pas les accidents de travail et qu'ils ne prennent pas d'arrêt.

Les mises en scène de la direction passent donc de plus en plus mal auprès des travailleurs. Devoir se contenter de 1 300 euros net par mois pour travailler le samedi et le dimanche, la nuit, et trimer sur les machines est de plus en plus en plus mal accepté.

Les travailleurs Michelin étaient bien représentés lors des deux manifestations des 22 mai et 17 juin. Nombre d'entre eux n'avaient d'ailleurs jamais participé à une manifestation. C'est un signe que le mécontentement monte et un encouragement à renforcer la solidarité ; et aussi à préparer les luttes futures face à un patron de combat qui ne fait jamais assez de bénéfices.

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