États-Unis : La prison arbitraire de Guantanamo désavouée par la Cour suprême26/06/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/06/une2082.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : La prison arbitraire de Guantanamo désavouée par la Cour suprême

Six ans après l'installation d'une prison par l'administration Bush sur la base américaine de Guantanamo, louée à Cuba (contre son gré !), la Cour suprême des États-Unis vient de rendre un arrêt déclarant que cette prison ne peut échapper aux lois communes américaines. C'est un camouflet pour une administration qui, au nom de la « lutte contre le terrorisme », avait imposé dans cette prison l'arbitraire le plus complet pour les « ennemis combattants », enfermés depuis des années sans jugement et sans possibilité de faire aboutir le moindre recours.

En fait, c'est la troisième fois que la Cour suprême des États-Unis a été amenée à se prononcer sur le régime arbitraire de la prison de Guantanamo. Par deux fois, en 2005 et 2006, elle avait pris une décision identique. Mais, à chaque fois, Bush avait obtenu du Congrès l'annulation de ces décisions. Cette fois, Bush, sur le départ, a fait savoir qu'il l'acceptait.

Désormais, les 270 prisonniers encore retenus à Guantanamo peuvent donc connaître les raisons de leur emprisonnement et les contester devant les tribunaux civils américains. Les quelque 200 détenus qui avaient tenté, sans succès, de présenter de telles requêtes, vont pouvoir les relancer. La décision de la cour est un désaveu pour Bush au moment où, dans sa tournée d'adieu, il se présentait sans vergogne comme un homme juste et respectueux des droits de l'Homme !

Après le 11 septembre 2001, l'administration Bush avait mis sur pied cette prison pour les prétendus « ennemis combattants » censés avoir fait partie, à tort ou à raison, des réseaux d'Al-Qaida.

L'arbitraire est évidemment la façon la plus simple de gérer les affaires militaires en temps de guerre. C'est ce qu'ont rappelé non seulement le régime spécial de la prison de Guantanamo, mais aussi l'usage de la torture à Abu Ghraib ou encore les enlèvements de ressortissants arabes simplement soupçonnés d'être des cadres d'Al-Qaida. En la matière, l'armée américaine ne s'est pas comportée avec les « ennemis combattants » en Afghanistan ou en Irak de façon différente de l'armée allemande face aux résistants des années quarante ou encore de l'armée française menant ses guerres coloniales en Indochine, puis en Algérie de 1946 à 1962.

Les « partisans », les « résistants » ou encore les « ennemis combattants », qui résistent les armes à la main contre une armée d'occupation, n'ont jamais été considérés à l'égal des soldats réguliers qui, comme prisonniers, doivent théoriquement être traités avec un minimum de respect, mais comme des francs-tireurs « irréguliers » qui n'ont aucun droit et, en conséquence, peuvent être maltraités, torturés, voire exécutés sans que les militaires responsables de ces crimes aient de comptes à rendre.

Tandis que l'armée des États-Unis continue d'occuper le terrain en Afghanistan et en Irak, les juges de la Cour suprême proposent au pouvoir politique américain de respecter un peu plus les formes légales. Mais peut-être, tout en effacant ce qui souligne par trop le caractère arbitraire de ses interventions. Mais ce n'est pas ce qui empêchera l'impérialisme américain de prolonger celles-ci.

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