Leur société

Retraites de misère, assez !

Jeudi 6 mars, des milliers de retraités ont manifesté dans plusieurs dizaines de villes du pays, à l'appel de l'ensemble des syndicats. À Paris, le cortège a traversé le quartier des ministères aux cris de " Fillon, du pognon ! " ou encore " Pas de retraites en dessous du smic ".

Ces manifestants dénonçaient d'abord le très faible montant de la majorité des pensions, qui rend d'autant plus dérisoire l'augmentation de 1,1 % intervenue au début de l'année. Cette augmentation se situait, en outre, en dessous de la hausse du coût de la vie, 2,8 %. Etaient également montrées du doigt les franchises médicales, ces 50 centimes qu'il faut désormais payer de sa poche sur chaque boîte de médicaments, une attaque de ce gouvernement qui pénalise grandement tous ceux qui suivent des traitements permanents, et donc pour une part les personnes âgées.

Le pays compte actuellement 13,5 millions de retraités. Plus de la moitié touchent moins de 1 000 euros net par mois. Parmi ceux-ci, environ quatre millions ne touchent que le minimum " contributif " d'un montant qui oscille, selon les cas, entre 579 et 633 euros par mois. Cela concerne les salariés qui n'ont pas eu de carrière continue, des femmes pour les trois quarts. Enfin, 600 000 retraités, qui n'ont peu ou pas cotisé, ne perçoivent que le minimum vieillesse (appelé aujourd'hui Aspa), qui représente 628 euros pour une personne seule et 1 126 euros pour un couple.

Tous ceux-là n'ont donc touché, lors de la prétendue " revalorisation " du début de l'année, que les 6 euros correspondant au 1,1 % accordé. Notons en passant que le montant du minimum vieillesse est à la fois inférieur au seuil de pauvreté, mais en revanche supérieur au plafond de ressources permettant d'accéder à la complémentaire santé de la CMU.

4 millions de personnes, dont 90 % de femmes, touchent également une pension de reversion après le décès de leur conjoint. Pour la moitié de ces personnes, elle représente 480 euros par mois.

Quant à la revalorisation annoncée du minimum vieillesse de 25 %, étalée qui plus est sur cinq ans, elle ne permettra toujours pas à la majorité des bénéficiaires de toucher une pension décente.

Enfin, les projets annoncés du gouvernement, déterminé à porter à 41 ans le nombre d'annuités nécessaires à une retraite à taux plein, auront pour conséquence d'augmenter encore le nombre de retraités ne touchant pas des retraites complètes.

Non seulement, les retraités ont raison de manifester, mais leurs revendications concernent l'ensemble du monde du travail, tous ces salariés qui, avec la montée du travail précaire, risquent de n'accéder qu'à une retraite au rabais, sauf à imposer par la lutte qu'aucun revenu - retraite, salaire ou allocation - ne soit inférieur à ce qu'il faut pour vivre aujourd'hui, soit au grand minimum 1 500 euros par mois.

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