Espagne : De Zapatero I à Zapatero II13/03/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/03/une2067.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Espagne : De Zapatero I à Zapatero II

Toujours au service des grands groupes capitalistes

Lors des élections générales du dimanche 9 mars, le PSOE (Parti Socialiste espagnol) dirigé par José Luis Rodriguez Zapatero, l'a emporté et Zapatero succédera à Zapatero. Le PSOE, avec 43,64 % des voix et 169 députés (5 de plus que lors du scrutin de 2004), va donc former le nouveau gouvernement socialiste.

Le parti rival de droite, le Parti Populaire, dirigé par Mariano Rajoy, obtient 40,13 % des voix (environ 900 000 voix de moins que le PSOE) et 153 députés. Il dispose néanmoins de 6 sièges de députés de plus qu'en 2004 car les deux principaux partis ont bénéficié d'un effet de " bipolarisation " autour de leurs deux leaders, au détriment des forces politiques minoritaires. Parmi elles, le groupe Izquierda Unida (la Gauche Unie, alliance des communistes et des Verts), malgré son million de suffrages, passe de 10 députés à 2, perdant ainsi la possibilité de constituer un groupe parlementaire. Parmi les perdants figurent aussi les nationalistes basques du PNV, et surtout les " républicains catalans " de l'ERC (Gauche républicaine catalane), partisans d'une plus grande indépendance, qui passent de 8 à 3 sièges.

Zapatero, majoritaire donc, ne bénéficie néanmoins pas de la majorité absolue et devra négocier diverses alliances parlementaires, tantôt ponctuelles ou tantôt plus durables, avec divers partis définis comme nationalistes, parce qu'ils se réclament des intérêts des différentes " autonomies " comme l'Andalousie, le Pays basque, la Catalogne, les Canaries ou la Galice, etc.

La participation de 75,33 % des électeurs au vote, sensiblement équivalente à celle de 2004, et le déroulement de la campagne qui a pris les aspects d'un duel entre Rajoy et Zapatero montrent qu'une bonne partie de la population et des classes populaires a souhaité voter " utile " en appuyant Zapatero face à une droite offensive qui, tout au long de la campagne électorale, a misé sur les sentiments réactionnaires de la droite conservatrice. Mais finalement Rajoy a payé pour ce choix. Avec ses mensonges, ses attaques venimeuses, ses appels à l'ordre moral relayés par les évêques réactionnaires qui vilipendaient le mariage homosexuel ou le divorce plus facile, ce croisé de la morale chrétienne et de l'unité de l'Espagne a fait en quelque sorte la campagne de Zapatero qui pouvait apparaître facilement comme un homme de dialogue, un défenseur des idées modernes et un partisan du progrès social.

Mais au lendemain des élections, les problèmes restent entiers pour le monde du travail. Aujourd'hui 8 millions de personnes, précaires, chômeurs, retraités, pensionnés, vivent avec 530 euros ou moins par mois, revenu correspondant au seuil de pauvreté en Espagne. Alors que les prix qui ont augmenté de 4,2 % en 2007 continuent de grimper, Zapatero promet le smic à 800 euros... mais d'ici quatre ans. Il a promis aussi 300 000 places de crèches, 150 000 logements sociaux en plus, l'augmentation des congés parentaux. Mais tout cela ne pèse pas lourd face au retard pris par les salaires, à l'endettement lié à l'acquisition de logements qui étouffe tant de familles, ou encore face à la généralisation de la précarité.

Les priorités de Zapatero sur le plan social et économique resteront, comme c'est le cas depuis quatre ans, de servir au mieux les intérêts du patronat et de la bourgeoisie, avec les aides aux entreprises, les cadeaux fiscaux, la suppression de l'impôt sur la fortune, la baisse des impôts sur les bénéfices des sociétés. Il faut y ajouter la gestion des entreprises publiques selon des critères de rentabilité, au mépris des intérêts du public et des salariés de ces secteurs, et la passivité devant les licenciements et les fermetures d'entreprises.

Zapatero continuera, comme il l'a fait pendant quatre ans, d'obéir aux grands groupes capitalistes qui dominent l'économie et la société. Et les travailleurs devront compter non pas sur le bulletin de vote, mais sur leurs luttes pour se défendre.

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