Dans les banques : Pertes et... profits13/03/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/03/une2067.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Dans les banques : Pertes et... profits

Mercredi 5 mars, le Crédit Agricole a annoncé ses résultats pour 2007. À en croire la presse ils seraient " mauvais " car les bénéfices ont diminué de 16,8 %, du fait des pertes - 3,3 milliards d'euros - liées à la crise des " subprimes " (crédit immobilier aux USA), dont 250 millions d'euros envolés en fumée à l'été 2007, suite aux opérations d'un trader du bureau de New York. Malgré cela, le CA annonce quand même... quatre milliards d'euros de bénéfices pour 2007.

La banque est donc loin d'être dans le rouge ! Les profits réalisés par les agences du groupe (Crédit Agricole et Le Crédit Lyonnais en France), dans le crédit à la consommation (Sofinco et Finaref), dans les assurances (Prédica et Pacifica), dans la gestion d'actifs ou encore par les filiales à l'étranger, etc. ont largement compensé les pertes.

Pour les autres banques françaises, c'est la même chose puisque malgré l'annonce de 16 milliards d'euros de pertes liées à la " crise des subprimes " et aux traders pour 2007 (Le Figaro du 5 mars), elles restent largement bénéficiaires. Les quatre cotées au CAC 40 à la Bourse de Paris ont fait 15,3 milliards d'euros de profits. La palme revient à BNP Paribas (7,82 milliards d'euros) suivie par le Crédit Agricole (4 milliards) et Dexia (2,5 milliards). Même la Société Générale est encore bénéficiaire (947 millions d'euros) malgré la " crise des subprimes " et les 4,9 milliards envolés en fumée, soi-disant par la seule faute du trader Jérôme Kerviel.

À l'échelle mondiale les pertes des banques liées à la " crise des subprimes " atteindraient en 2007, d'après la banque suisse UBS, 160 milliards de dollars. Et avec la publication des résultats bancaires du premier trimestre 2008, UBS estime que les pertes seraient d'environ... 600 milliards de dollars ! Combien de besoins élémentaires, combien de millions de gens, aurait-on pu satisfaire avec ces sommes parties dans la fumée de la spéculation ? Combien de femmes, d'hommes, d'enfants aurait-on pu sauver de la sous-alimentation et de la faim ?

En tous les cas pour le moment, ceux qui n'ont pas à s'en faire pour leur avenir sont les PDG des banques. Bouton de la Société Générale annonce que sa démission n'est plus sur la table et le PDG de la banque américaine Merryl Lynch dans le rouge pour 22 milliards de dollars a été éjecté de son fauteuil avec un chèque de... 161 millions de dollars. Au pays des banquiers, les casseurs ne sont pas les payeurs !

Cédric DUVAL

Un système en folie !

Jérôme Kerviel, le trader que la Société Générale présente comme responsable de l'évaporation de cinq milliards d'euros de la banque, est soumis à une expertise psychiatrique ordonnée par les magistrats chargés de l'enquête. " J'ai vite été entraîné dans une spirale au sein de laquelle je me suis trouvé sans pouvoir m'en sortir ", avait-il déclaré aux policiers lors de sa garde-à-vue.

Peut-on rester dans son état " normal " quand son travail consiste à jongler avec la spéculation bancaire ? Les psychiatres ont peut-être un avis sur la question. En revanche, il n'y a pas besoin d'expertise psychiatrique pour juger du système qui spécule, c'est-à-dire qui organise des paris sur l'évolution des cours des titres pour faire un jour, sur un coup de dé, des milliards de bénéfices, et le lendemain des milliards de pertes, laissant sur le carreau des centaines de milliers de pauvres gens, expulsés du logis qu'ils espéraient acheter.

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