Michelin profiteur et licencieur.27/02/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/02/une2065.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Michelin profiteur et licencieur.

Tandis qu'éclatait la colère des travailleurs de l'usine Kléber à Toul, en réaction à la décision de sa fermeture l'an prochain par son propriétaire Michelin, celui-ci a annoncé que ses affaires vont de mieux en mieux, avec un bénéfice en hausse de 35 %.

Michel Rollier, le patron du groupe, a décidé de supprimer le site de Toul en 2009. Plus de 800 personnes y produisent des pneus tourisme de milieu de gamme, qui reviennent moins cher à fabriquer dans des pays où les salaires sont très bas. La rentabilité de Toul paraît insuffisante aux actionnaires, alors on s'en débarrasse. Et tant pis si des centaines de travailleurs seront privés de moyens de vivre.

Ouvriers et employés de l'usine Kléber ont alors réagi en se mettant en grève et en séquestrant au passage deux cadres pendant près de quatre jours, en exigeant que les indemnités annoncées par la direction soient augmentées. Ils auraient obtenu 2 400 euros par année d'ancienneté, soit 400 euros de plus que ce que Michelin voulait lâcher, avec la promesse que des emplois de compensation seraient créés dans le bassin environnant.

Mais tout le monde sait bien ce que cela signifie : combien retrouveront réellement un emploi et au bout de combien de temps ?

La liste est longue des usines que Michelin a fermées quand il estimait qu'elles ne lui rapportaient plus assez : en Angleterre, en Espagne, celle de Port Harcourt au Nigeria, de Kitchener au Canada, à Poitiers, etc.

Le but poursuivi est d'augmenter encore et toujours les profits en augmentant de 60 % les capacités de production dans les pays dits émergents. Il s'agit aussi d'installer des usines ou de racheter des sociétés locales qui ont déjà tout un réseau commercial notamment en Inde, en Chine et au Brésil.

" Il est essentiel de produire sur place ", déclare Rollier, surtout pour les pneus de voitures, dans les pays où les salaires sont très faibles. Concernant les pneus de camionnettes, pelleteuses, tracteurs, la production dans ces pays va doubler et celle des poids lourds va augmenter de 40 %. Le volume des ventes est également prévu à la hausse : de 8 % en Asie et de 14 % au Moyen-Orient. Et cela malgré une augmentation du prix des pneus. Alors les profits sont là.

Pourtant, d'autres fermetures de sites à l'échelle du groupe sont en préparation. Il y a des transferts de production incessants. L'exemple des pneus pour camionnettes, arrêtés à Bourges pour être fabriqués à Cholet, n'a rien d'exceptionnel. Le patron vient de prévenir : " D'autres regroupements de ce type vont avoir lieu. " Il précise même que, pour rester compétitif, le groupe table sur des usines pouvant atteindre une production de 100 000 tonnes par an. Cela se traduira évidemment par des charges de travail de plus en plus lourdes. " Il faut accélérer l'amélioration de la compétitivité ", répète sans cesse l'encadrement. L'objectif de 30 % d'augmentation de la productivité d'ici 2010 devra être dépassé. Par exemple, les samedis travaillés pèsent de plus en plus. En 2007, dans les usines clermontoises, plus de 700 ouvriers ont travaillé entre 5 et 10 samedis, plus de 730 entre 10 et 15, et 140 ouvriers sont venus plus de 15 samedis.

Quant aux salaires, ils restent largement insuffisants. Il n'est pas rare de voir des ouvriers, CDD ou intérimaires, partir chercher une meilleure paie ailleurs.

À force de gonfler encore et toujours leurs profits, patrons et actionnaires vont finir par faire éclater la colère.

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