Dans les entreprises

Michelin Clermont-Ferrand : Un licenciement qui ne passe pas.

Rollier a annoncé une nouvelle fois, lors de la présentation des résultats 2007, l'embauche de 1 000 salariés par an en France.

Mais parallèlement il veut produire plus avec moins de monde. Et quand il parle d'embauches, ce sont le plus souvent des emplois précaires. Les CDD et les intérimaires se succèdent sans cesse.

Dans certains ateliers cette rotation permanente entraîne un ras-le-bol. Début février, dans deux usines clermontoises, au service VO de Cataroux et à l'atelier rechapage de La Combaude, les travailleurs ont arrêté le travail pour demander que leurs camarades arrivant en fin de CDD soient embauchés en CDI.

À SODG, une filiale entièrement Michelin de 700 salariés, en 2007 il y a eu 82 embauches... pour 87 départs ! Étant donné les horaires en 3x8, les conditions de travail et les bas salaires, de nombreux jeunes ne souhaitent pas rester. Mais ceux qui le veulent ne sont pas sûrs d'être gardés en CDI après leurs deux contrats de 9 mois en CDD. À l'atelier préparation, le sous-effectif est permanent et les intérimaires qui se succèdent ne peuvent pas remplacer un conducteur de machine formé. Aussi lundi 18 février, quand nous avons appris que, une fois de plus, le contrat de l'un de nos camarades en CDD ne serait pas renouvelé à la fin du mois, cela a été de trop.

Le lendemain, mardi, dans l'équipe du soir le travail a cessé pour demander des comptes au chef d'atelier. Il a refusé de justifier ce licenciement, mais nous avons compris que la décision de ne pas le garder était prise depuis longtemps. Pourtant, l'entreprise l'avait laissé espérer jusqu'à la fin de son contrat.

L'arrêt complet de l'atelier préparation pouvant bloquer rapidement l'usine, la hiérarchie a essayé à plusieurs reprises de nous renvoyer au boulot... en vain ! Dans les équipes suivantes, des salariés ont aussi participé à des arrêts de travail.

Craignant sans doute une contagion, la direction a convoqué en douce notre camarade, l'a obligé à vider son vestiaire, a récupéré son badge et l'a jeté dehors en ne le laissant surtout pas retourner à l'atelier saluer ses copains ! Mais quand cela s'est su, ceux-ci se sont mis en colère et certains ont quitté sur-le-champ leur poste de travail.

Ce n'est pas la première fois que ce genre de méthode est employée à SODG. Il y a deux ans, un technicien avait été renvoyé de l'usine par le directeur avec ses affaires sous le bras... et il avait dû se changer sur le parking ! Plus récemment, un ouvrier en CDD, encore dans sa période d'essai, avait eu son badge bloqué en arrivant au travail à 22 heures... et avait ainsi appris qu'il n'était pas gardé. Venu en covoiturage, il avait dû se débrouiller pour rentrer chez lui !

Cette fois, le mauvais coup n'est pas passé sans réaction, et les moyens employés ont choqué beaucoup de travailleurs. Et mardi 26 février la CGT appelait l'ensemble de l'usine à débrayer en fin d'équipe pour dénoncer ces méthodes.

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