Allemagne : Des fraudeurs de haut vol.27/02/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/02/une2065.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Allemagne : Des fraudeurs de haut vol.

Jeudi 14 février, à 7 heures du matin, plusieurs voitures banalisées se sont arrêtées devant le domicile de Klaus Zumwinkel à Cologne et, après quelques heures de perquisition, les enquêteurs de la section financière du parquet de Bochum sont repartis en compagnie... du patron de la Deutsche Post, c'est-à-dire la Poste allemande, aujourd'hui privatisée. Soupçonné d'avoir fraudé le fisc à hauteur d'un million d'euros, celui-ci a choisi, pour éviter la prison, de coopérer avec la justice et a démissionné aussitôt de la présidence de l'entreprise.

Cet épisode digne d'une série policière n'est sans doute que le prélude à un énorme scandale. Environ un millier de personnalités riches et célèbres seraient dans le collimateur de la justice pour avoir placé leur argent au Liechtenstein afin d'échapper au fisc, soustrayant ainsi près de 4 milliards d'euros au Trésor public. " Nous sommes parvenus à forcer les codes de l'ensemble de la banque princière LGT ", a confié un enquêteur au quotidien Handelsblatt pour expliquer le succès de l'opération.

La petite principauté de 35 000 habitants située au coeur des Alpes, entre la Suisse et l'Autriche, est rétrograde par bien des aspects : les femmes n'y ont ainsi le droit de vote que depuis 1984 et uniquement pour les scrutins nationaux. Mais c'est surtout un paradis fiscal avec son réseau de banques, de sociétés fictives et de fondations qui permettent de déposer des fonds en toute discrétion.

Tout cela est connu depuis longtemps et il est difficile de savoir pourquoi cette affaire éclate maintenant. En tout cas, le comportement de Zumwinkel, et avec lui d'un millier de gens très fortunés, a de quoi choquer tous ceux qui ont bien du mal à boucler leurs fins de mois, comme les chômeurs auxquels on impose des contrôles tatillons et humiliants sous la menace de diminuer leurs maigres allocations.

Ce grand patron, multimillionnaire de naissance, est à la tête de la Deutsche Post depuis 19 ans. C'est lui qui a géré sa privatisation et a licencié presque la moitié des 380 000 salariés que comptait alors l'entreprise. Mais ce défenseur patenté de l'économie capitaliste, qui touchait un salaire annuel de 3,3 millions d'euros, a éprouvé le besoin de frauder le fisc pour gagner quelques millions de plus.

Quelques jours à peine avant que ce sandale n'éclate, le cadavre momifié d'un homme de 58 ans était découvert dans une cabane de chasseurs d'une forêt de Basse-Saxe. Sans-emploi depuis longtemps, vivant seul, sans ressources depuis octobre dernier car il ne touchait plus d'allocation de chômage, il s'est laissé mourir de faim, en consignant ses derniers moments dans un cahier retrouvé auprès de lui.

Pourriture des " élites économiques " d'un côté, misère pour les victimes de l'économie de marché, voilà le tableau qu'offre aujourd'hui la plus grande puissance capitaliste d'Europe.

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