Leur société

Carrefour condamné en appel ! Grande distribution... et grande exploitation

Le 6 décembre, la cour d'appel de Montpellier a confirmé la condamnation de Carrefour pour " délit de marchandage et prêt illicite de main-d'oeuvre ".

Cette pratique illégale consiste à faire travailler dans les magasins (qui ne déboursent pas un centime pour cela) des employés, payés par les fournisseurs ou par des sociétés prestataires de services, pour mettre les produits en rayon. Cela signifie concrètement, pour les salariés concernés, appelés " merchandiseurs ", un salaire d'environ 40 % inférieur à celui d'un salarié embauché par Carrefour, une précarité totale avec une infinité de tout petits contrats, et un chantage permanent à l'emploi.

L'affaire jugée en appel à Montpellier, après un premier procès tenu en juin 2006 à Perpignan, concernait une employée qui travaillait dans ces conditions depuis dix-huit ans dans l'hypermarché Carrefour de Claira, dans les Pyrénées-Orientales. Lorsque cette salariée a décidé en 1999 de ne plus se laisser faire, on estimait à 5 000 en France le nombre de personnes travaillant dans ces conditions scandaleuses dans ce qui est actuellement le deuxième plus grand groupe de distribution mondial.

Dans le jugement rendu à Montpellier et qui confirme celui de Perpignan, la société Carrefour Hypermarchés France, son PDG au moment des faits et le directeur du magasin d'alors sont bel et bien déclarés coupables, et condamnés pour avoir organisé cette surexploitation.

L'amende infligée à Carrefour a été augmentée, passant de 25 000 à 60 000 euros, et la principale victime a obtenu 18 000 euros de dommages et intérêts.

Cette victoire, sur le plan juridique, a été rendue possible parce qu'une salariée a dit un jour : " Ça suffit ! ". Bien des combats similaires, portant sur les conditions de travail, la précarité et bien sûr les salaires, sont à mener dans ce secteur de la grande distribution, dont les principaux actionnaires font partie des plus grosses fortunes de France. Des mobilisations ont d'ailleurs eu lieu ces dernières semaines, notamment chez Casino ou Conforama, et d'autres sont en préparation pour cette fin d'année, à Carrefour notamment.

Face au patronat de la distribution, les 650 000 travailleurs du secteur représentent une force, s'ils décident de défendre leur pouvoir d'achat et leurs conditions d'existence.

Partager