La visite de Chavez : Le diable à Paris22/11/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/11/une2051.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La visite de Chavez : Le diable à Paris

Le président vénézuélien Hugo Chavez était à Paris, mardi 20 novembre, pour une visite de 24 heures. À l'ordre du jour officiel le sort de la franco-colombienne Ingrid Betancourt, enlevée par les guerilleros des FARC de Colombie, dont la famille n'a plus de nouvelles depuis 2003, et espère que le président vénézuélien pourra intervenir pour sa libération.

Mais aux yeux de la presse française, la personnalité d'Hugo Chavez sent le soufre et cette visite s'est accompagnée de commentaires dont elle se dispense habituellement quand l'Elysée reçoit les dictateurs " amis de la France ". La récente vente d'un Airbus transformé en palais flottant à un prince saoudien n'avait engendré, par exemple, que des propos ébahis sur la décoration intérieure de l'appareil et aucune critique contre le régime de ce féodal.

Mais l'Arabie saoudite, où une jeune femme vient d'être condamnée à deux cents coups de fouet et à six mois de prison, après avoir été violée par sept hommes, parce qu'elle avait parlé publiquement de son cas, est un pays très respectable aux yeux de la grande presse occidentale.

En vrac, on reproche à Chavez de ne pas être un grand démocrate (en déniant toute valeur aux multiples élections et référendums qu'il a gagnés), de ne pas s'être intéressé prioritairement aux otages des FARC (ce qu'aucun ne reproche au gouvernement français, dont le bilan dans cette affaire n'est pas très glorieux), de se livrer à une course aux armements (ce qui est risible quand on s'accomode de l'arsenal des principaux fauteurs de guerre que sont les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France et beaucoup d'autres bien plus puissants et surarmés que le Venezuela).

On a même osé reprocher à Chavez de ne pas utiliser la manne pétrolière pour résoudre les problèmes sociaux de la population vénézuélienne, alors qu'il est l'un des rares dirigeants d'Amérique latine à l'utiliser au moins en partie, en faveur des plus déshérités.

Certains commentaires étaient, involontairement, savoureux. Tel adversaire de Chavez qui critique sa proposition actuelle de réforme constitutionnelle est applaudi de l'appeler la " mal nommée réforme ". La fraction des étudiants qui en sont adversaires est saluée pour avoir traité Chavez de " président qui refuse d'écouter ceux qui ne sont pas d'accord avec lui ". Enfin, il y a la liberté de la presse. Figurez-vous qu'au Venezuela, " le chef de l'État exerce un contrôle sur le paysage médiatique "...

Le régime de Chavez n'est sans doute pas un modèle de démocratie. Mais ses censeurs ont bonne mine. Car une presse aux ordres, une " réforme mal nommée " parce qu'elle est une vraie régression, et un chef d'État qui n'écoute pas ceux qui ne sont pas d'accord avec lui, il n'est pas besoin de traverser l'Atlantique pour trouver ça !

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