Dans les entreprises

Fonderies du Poitou FDPA - Ingrandes (Vienne) : Après les corbeaux, les vautours !

Au bout d'un an d'obscures tractations, le rachat des fonderies françaises de Teksid par le fonds d'investissement Bavaria est devenu effectif début octobre. Après Renault, Fiat-Teksid puis le fonds Questor, c'est en quelques années le quatrième groupe qui compte ainsi accroître sa fortune sur notre dos.

Teksid, premier groupe de fonderies automobiles au monde avec 13 000 salariés lorsqu'il dépendait de Fiat, a été coupé en deux et a vu ses effectifs fondre lors de la reprise par Questor. Pour revendre, Questor a découpé de nouveau le groupe, cédant la moitié des fonderies au groupe mexicain Nemack, les deux fonderies italiennes à Fiat, puis les trois fonderies françaises à Bavaria. Pour finir, Bavaria a entrepris de se débarrasser très vite de la fonderie Métaltemple en Maurienne, ne souhaitant conserver que les deux fonderies aluminium FDPA à Ingrandes dans la Vienne et FAC à Cléon.

Aux Fonderies du Poitou, les représentants du nouveau propriétaire ont dressé un sombre tableau de la situation financière, accusant les précédents actionnaires d'avoir sans mesure pompé des liquidités. Entre Cléon et Ingrandes, 39 millions d'euros se seraient ainsi volatilisés en cinq ans, " sous la forme de royalties, frais de siège et prêts partiellement remboursés ".

À les en croire, ils auront de tout autres pratiques, s'engageant " à ne récupérer aucun euro que sous forme de dividendes, c'est-à-dire lorsque les sites seront à nouveau bénéficiaires ". Voilà un fonds d'investissement qui aurait bien changé en quelques mois, puisqu'en février les travailleurs de deux entreprises mosellanes appartenant à Bavaria avaient fait grève pour dénoncer la gestion calamiteuse de leur propriétaire, qui n'avait pas même laissé dans les caisses de quoi faire face aux dépenses courantes !

Comment les nouveaux patrons entendent engranger des profits supplémentaires, nous n'avons pas tardé à en avoir une idée lorsqu'ils ont annoncé au comité d'entreprise de novembre leur intention de créer deux nouveaux horaires qui impliqueraient le travail du samedi. La production deviendrait ainsi permanente du dimanche 22 heures au samedi 22 heures.

Avant même que l'annonce en soit faite officiellement, la colère a monté dans les ateliers. En équipe, nous sommes déjà présents près de 42 heures à l'usine et les conditions de travail sont épuisantes. Alors, pas question de revenir au travail du samedi, dont nous avons imposé la suppression il y a dix ans ! Mercredi 14 novembre, nous l'avons manifesté fermement en débrayant et en décidant que, si les patrons passent à l'acte, nous nous retrouverons immédiatement en assemblée générale pour organiser la riposte. La direction n'a pour l'heure pas osé donner de date précise pour la mise en application des nouveaux horaires, pas plus qu'elle n'a répondu aux multiples questions que poserait celle-ci.

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