Belgique : Manifestation pour l'unité du pays - L'union fait la force... mais pour quoi faire ?22/11/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/11/une2051.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Belgique : Manifestation pour l'unité du pays - L'union fait la force... mais pour quoi faire ?

Dimanche 18 novembre, 35 000 manifestants, selon la police, ont défilé dans les rues de Bruxelles " pour l'unité de la Belgique ", et exprimé leur désarroi devant les conflits communautaires avivés depuis plus de cinq mois par les politiciens chargés de former le futur gouvernement.

Cette manifestation est la suite d'une pétition lancée sur Internet par une habitante de Liège, qui a récolté 135 000 signatures sous le texte suivant : " Nous, Belges de naissance, de coeur ou d'adoption, demandons que les hommes politiques respectent notre pays ! Et son Unité. Notre pays est trop petit, à l'heure de l'Europe, pour être divisé. Nous, Belges de toutes les Régions et de toutes les Communautés, demandons aux hommes politiques de s'occuper des vrais problèmes tels que emploi, sécurité, santé, bien-être, l'environnement... sans gaspiller leur temps et NOTRE argent à des querelles qui ne concernent qu'une petite minorité. L'Union fera notre force ! "

Les médias flamands avaient beaucoup moins couvert l'événement, ce qui peut expliquer la plus faible participation flamande, alors que tout indique que les partisans de la scission dans la population ne sont guère plus nombreux au nord du pays qu'au sud.

D'autre part le président du Parti Socialiste Elio Di Rupo et la présidente du CDH (Centre Démocratique Humaniste) Joëlle Milquet - deux partis francophones - ont pu participer à la marche soi-disant " en tant que citoyens ", en fait en représentants du gouvernement wallon, alors que tous deux rendent régulièrement responsables de la crise " les Flamands ".

Pourtant, beaucoup de manifestants dénonçaient par des pancartes bilingues ou en dialecte bruxellois - mélange savoureux de néerlandais et de français - l'ensemble du monde politicien comme responsable de la crise communautaire.

Et, en effet, la crise politique belge résulte de l'accumulation des multiples rivalités entre les diverses cliques politiciennes et de leur concurrence sur le terrain de la démagogie communautaire. Tout en menant, ensemble ou séparément, des attaques contre les conditions de vie de la population, ils ont cherché à camoufler cette politique antiouvrière en se proclamant les défenseurs, qui des " francophones ", qui des " néerlandophones ", comme si l'appartenance à tel ou tel groupe linguistique était la seule chose qui compte. Et comme, sur ce terrain, on peut toujours trouver plus radical que soi, chacun a cherché à se montrer plus intransigeant que l'autre dans la défense de son groupe linguistique, contribuant à enfoncer le pays dans un imbroglio de conflits aussi insolubles qu'absurdes.

Aujourd'hui, les conflits communautaires sont un paravent bien commode pour les attaques contre la Sécurité sociale, l'octroi d'avantages fiscaux aux entreprises et aux plus riches, la limitation des droits aux allocations de chômage, les coupes dans les soins de santé. Chaque fois, il se trouve un parti pour expliquer que cela est dû, par exemple, aux Wallons qui coûtent trop cher et ne travaillent pas assez, ou bien aux Flamands qui sont trop égoïstes, qu'il faut aider la Wallonie à résister à la Flandre, ou vice-versa, que les uns ne doivent pas payer pour les autres, etc., comme si toutes les questions qui se posent à la population devaient se régler suivant les clivages entre Wallons et Flamands, francophones et néerlandophones.

La manifestation du 18 novembre montre que sans doute une grande partie de la population belge ressent l'absurdité de ces conflits. Cependant, il ne suffira certainement pas pour s'y opposer de brandir le drapeau belge et de revendiquer le maintien de l'unité du pays. Depuis trois décennies toutes les attaques contre le niveau de vie de l'ensemble de la population du royaume se sont faites sous la responsabilité du gouvernement central et du roi, symbole de l'unité du pays. Et c'est justement une des raisons de l'importance de plus en plus grande donnée au facteur communautaire, dérivatif commode pour le mécontentement engendré par ces attaques.

La division du pays n'offre aucune perspective aux travailleurs de Belgique, qui doivent d'abord avoir conscience qu'ils ont les mêmes intérêts fondamentaux, dans le pays et au-delà, contre les grands capitalistes qui dirigent cette société. Mais ce n'est pas non plus sous les plis du drapeau belge qu'ils pourront parvenir à cette conscience.

Partager