Sanofi-Aventis - Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) : Le troisième producteur mondial de médicaments rechigne à traiter ses rejets.15/11/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/11/une2050.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Sanofi-Aventis - Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) : Le troisième producteur mondial de médicaments rechigne à traiter ses rejets.

Le 7 novembre dernier, Le Monde, relayé par Le Parisien puis FR3, titrait sur les pollutions provoquées par l'usine Sanofi-Aventis à Vitry-sur-Seine. Ce n'est pas véritablement une révélation ! L'an prochain, l'usine fêtera ses 100 ans et voici près d'un siècle que, sous les appellations successives de Rhône-Poulenc, Aventis, puis Sanofi-Aventis, cette usine pollue, en premier lieu les personnes qui y travaillent.

D'Achères à Valenton.

Il y a peu de temps encore, les déchets liquides de l'usine étaient envoyés vers la station d'épuration d'Achères. Pendant le parcours - des dizaines de kilomètres de réseau d'égouts - les effluents avaient le temps de se diluer, de se mélanger à d'autres, et l'énorme station d'Achères essayait de digérer tout cela tant bien que mal.

Il y a un peu plus de cinq ans, pour soulager Achères, a été créée la station d'épuration de Valenton au sud de Paris, et donc bien plus proche de Vitry. De capacité moindre que son aînée, elle est chargée entre autres de récupérer les déchets liquides de Sanofi. Les premiers essais ont été spectaculaires : ils ont mis hors d'état la toute moderne station d'épuration ! Il est vrai qu'elle fonctionne avec une faune bactérienne et qu'à Sanofi... on fabrique des produits chargés de détruire des bactéries.

Alors, au lieu de faire prendre aux rejets de l'usine le chemin le plus court, il a été décidé de leur faire suivre un itinéraire compliqué, doublant ou triplant la distance par des dérivations d'égouts entre l'usine et la station, afin qu'ils arrivent dilués. Mais même cela ne suffit pas.

Danger hors de l'usine.

Les eaux usées que le site de production déverse dans les égouts contiennent des produits toxiques qui peuvent être dangereux pour ceux qui travaillent dans les égouts et à la station d'épuration.

Pour éviter cela, il existe des normes imposant à l'usine de ne pas rejeter n'importe quoi dans les égouts. Sanofi-Aventis a beaucoup de mal à les respecter. Il a aussi du mal à savoir ce qui est réellement rejeté, car c'est seulement lorsque les pouvoirs publics se sont dotés de moyens d'analyse plus précis des rejets que Sanofi-Aventis s'en est vraiment inquiété et a développé ses propres moyens d'analyse.

Aujourd'hui, pour réduire les risques, les pouvoirs publics veulent imposer des normes plus sévères. Sanofi-Aventis a du mal à s'exécuter. La société demande des délais qui, selon les catégories de produits à traiter, peuvent aller jusqu'en 2009, et elle menace, si on ne les lui accorde pas, de réduire la production pour rentrer dans les normes, sous-entendu de réduire l'emploi en proportion sur le site de Vitry.

Danger dans l'usine.

Ainsi, les travailleurs de l'usine voient leurs emplois menacés du fait des insuffisances avec lesquelles leurs patrons successifs ont traité les problèmes d'environnement. Les travailleurs en ont pourtant été et en sont encore les premières victimes car, quand il y a des fuites de benzène, d'autres solvants ou d'autres toxiques, ce sont d'abord eux qui les respirent et, de plus, en concentré et à longueur de journée.

La direction annonce qu'il faudra modifier l'activité du site et que, dans un avenir proche, il n'y aura plus de production en milieu urbain. Cela n'empêchera pas qu'il faudra toujours produire, que ce soit en province, dans un autre pays ou sur un autre continent, et que le changement de lieu ne peut pas être un permis de polluer ailleurs et d'empoisonner des travailleurs là où ce serait moins visible et moins réglementé. C'est donc dès maintenant - et cela devrait être le cas depuis longtemps - qu'à Vitry comme ailleurs il faut produire sans danger pour la santé des travailleurs ou de ceux qui vivent à proximité de l'usine.

Une histoire de gros sous.

Sous prétexte qu'il dépense 7 millions d'euros par an pour que Valenton traite ses rejets, Sanofi-Aventis trouve choquant qu'on lui réclame que ceux-ci soient plus " propres ". Selon la direction du site de Vitry, il faudrait entre 15 et 30 millions d'euros pour réaliser ce que les pouvoirs publics lui réclament. C'est une goutte d'eau dans l'océan des bénéfices du groupe Sanofi-Aventis, qui en a fait pour plus de 7 milliards en 2006 et en fera autant en 2007. Et il n'y aurait pas 30 millions d'euros pour l'environnement et la santé des travailleurs ?

En tout cas, les travailleurs de l'usine sont bien décidés à défendre leur emploi et leur santé et donc, parce que cela va ensemble, à contraindre Sanofi-Aventis à produire en sécurité sans polluer.

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