Editorial

Les cheminots, les travailleurs de la RATP, d'EDF et de GDF ont raison de ne pas se laisser faire.

Les travailleurs de la SNCF sont en grève reconductible à partir de mardi soir 13 novembre. Ceux de la RATP, d'EDF et de GDF les rejoindront le mercredi matin. Les grévistes refusent le projet du gouvernement qui veut leur imposer de travailler plus longtemps pour une pension de retraite plus réduite.

Sous prétexte que les cheminots, les agents de la RATP, d'EDF et de GDF sont les derniers à subir des mesures qui ont déjà été imposées, successivement, aux travailleurs du privé puis à ceux de la Fonction publique, le gouvernement les traite de privilégiés. Et ceux qui traitent de privilégiés des travailleurs dont plus d'un tiers ont moins de 1 000 euros de retraite sont ceux qui ont applaudi aux 15 milliards d'euros en cadeaux fiscaux aux quelques milliers de familles les plus riches, ou qui considèrent comme normal que le président de la République s'accorde une augmentation de 172 % de son salaire !

Les cheminots, les agents de la RATP, d'EDF et de GDF ont raison de se défendre. Tous les travailleurs doivent être solidaires de leur combat et souhaiter que la grève soit massivement suivie.

Le gouvernement essaie de faire de cette grève une épreuve de force. Mais cette épreuve de force n'oppose pas seulement le gouvernement aux quelque 500 000 travailleurs des régimes spéciaux. Elle oppose aussi le gouvernement et le patronat à l'ensemble des salariés. C'est pour pouvoir consacrer plus d'argent au grand patronat que le gouvernement veut faire des économies sur les retraites, l'assurance-maladie, les services publics, sur tout ce qui est utile, voire indispensable à la majorité de la population.

Sur la question des retraites, c'est le gouvernement qui est en première ligne. Mais il agit en mandataire du patronat qui, par ailleurs, mène une guerre incessante contre les salariés en bloquant les salaires alors que les prix grimpent en flèche. Quand les prix grimpent, ce sont les profits qui augmentent. Et quand les salaires sont bloqués, les profits restent libres.

C'est l'ensemble du monde du travail qui perdrait, si le gouvernement gagnait l'épreuve de force. L'âge de la retraite serait repoussé encore plus et les pensions deviendraient encore plus misérables.

Alors, disons-nous bien que, quels que soient notre profession, notre secteur d'activité, cette grève nous concerne tous. Mais si nous ne voulons pas nous enfoncer dans la pauvreté, nous devrons tous nous mettre en lutte tôt ou tard. Et nous devrons engager une lutte suffisamment puissante, déterminée, pour que le patronat craigne que le mouvement échappe à tout contrôle et menace les profits. Et, pire encore pour lui, il faudra que les travailleurs en viennent à contester son contrôle exclusif sur les usines, les banques, les chaînes commerciales.

Le monopole des grands groupes industriels et financiers sur l'économie est catastrophique pour la majorité de la population, pour toute la société.

Il n'y a pas de raison que les salariés soient condamnés à travailler toujours plus, pour voir leur pouvoir d'achat s'éroder et pour, une fois la retraite venue, crever de misère. Et tout cela pour que les entreprises fassent des profits élevés et que quelques centaines de groupes financiers se retrouvent à la tête de sommes inimaginables dont ils ne savent que faire, si ce n'est spéculer en menaçant de ruine toute l'économie.

En appelant à la grève les travailleurs des régimes spéciaux le 14 novembre et ceux de la Fonction publique le 20 novembre, les directions syndicales ont choisi la dispersion, alors que pour gagner le monde du travail a besoin d'être uni, face au patronat et au gouvernement, autour de revendications communes à tous.

Mais les travailleurs ont montré bien souvent dans le passé que leur combativité pouvait déjouer les atermoiements des directions syndicales et leur imposer d'aller plus loin. Il est de l'intérêt de tous les travailleurs qu'une fois encore il en soit ainsi.

Arlette LAGUILLER.

Édiorial des bulletins d'entreprise du 12 novembre.

Partager