La grève, c'est reparti ! Il faut faire reculer le gouvernement.15/11/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/11/une2050.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La grève, c'est reparti ! Il faut faire reculer le gouvernement.

La grève des cheminots n'avait pas encore démarré le soir du 13 novembre à 20 heures que la fébrilité régnait parmi les représentants du gouvernement, les dirigeants de la SNCF et les sommets syndicaux. D'évidence, tous craignaient l'ampleur du mouvement, la mobilisation et la détermination des travailleurs. À les voir s'agiter, tout le monde comprenait que les travailleurs des transports et de l'énergie détenaient le pouvoir de faire remballer sa réforme au gouvernement.

Dans cette situation, l'attitude des directions syndicales et en particulier de la plus influente, la CGT, a dû apparaître à nombre de grévistes, de militants et de sympathisants comme déroutante, pour ne pas dire injustifiable. Depuis des mois, le gouvernement répète que la réforme des retraites et l'allongement de la durée des cotisations sont " inéluctables ". Jusqu'à présent, il n'a concédé que des bricoles même si pour les obtenir il a fallu le succès de la grève du 18 octobre et ses suites.

Mais aujourd'hui, au lieu d'agir afin de conforter le rapport de force en faveur des travailleurs, les directions syndicales rétrogradent et reculent. Une heure trente avant le début de la grève, à la sortie d'une nouvelle entrevue avec le ministre Xavier Darcos, Bernard Thibault a annoncé que la CGT était prête à une négociation entreprise par entreprise sur les régimes spéciaux de retraite. Jusqu'à présent, le syndicat exigeait que cette négociation soit globale et tripartite, c'est-à-dire avec des représentants de l'État, des directions d'entreprise et des syndicats. Cette position satisfaisait la plupart des travailleurs qui, à juste titre, pensaient que plus ils se présenteraient unis et nombreux, plus ils auraient de chances de faire reculer le gouvernement. Eh bien, maintenant il n'en est plus ainsi : tout en maintenant le cadre tripartite (avec un représentant de l'État), les négociations se feront par entreprise. Le ministre et le gouvernement se sont évidemment déclarés satisfaits de cette proposition.

Mais comment les salariés pourraient-ils être plus forts, chacun face à leurs directions, isolés les uns des autres donc ? Et si demain, des syndicats signent un accord dans une des branches concernées par la réforme des retraites, abandonneront-ils les autres travailleurs qui n'auraient, eux, rien obtenu ? C'est pourtant à cela qu'aboutira la proposition de Thibault et, en ce sens, elle tourne le dos aux intérêts du mouvement.

La CGT n'avait pourtant pas cessé de répéter qu'il fallait " construire le tous ensemble ", qu'il fallait aller vers un mouvement ample, large, interprofessionnel même. C'était à l'évidence la seule façon de faire reculer ce gouvernement arrogant, qui n'entend céder sur rien afin d'avoir les mains libres pour poursuivre ses attaques contre l'ensemble du monde du travail. À cette perspective, si tant est qu'ils l'aient jamais vraiment eue, les syndicats tournent le dos.

Reste que par-delà l'attitude pleutre des dirigeants syndicaux, leur renoncement et leur trahison des intérêts et des aspirations des salariés, l'avenir des retraites et de toutes les revendications n'est pas, contrairement à ce qu'affirment gouvernement, directions et syndicats, " inéluctable ". Tout dépend maintenant des travailleurs.

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