Grève des marins pêcheurs : Chalutier contre super tanker.15/11/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/11/une2050.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Grève des marins pêcheurs : Chalutier contre super tanker.

Les marins pêcheurs ont repris la mer après une semaine de grève et de manifestations contre l'augmentation du prix du gazole. Il aura fallu pour cela la persuasion des représentants officiels de la profession bien plus que les promesses du gouvernement.

La seule mesure gouvernementale qui s'applique immédiatement est l'exonération de cotisations sociales. Elle sera en vigueur pour six mois ou jusqu'à ce qu'un système de compensation du prix du gazole soit mis en place. Cette mesure rapportera d'autant plus aux patrons que l'armement est plus important, que le nombre de marins salariés est plus grand. Rien ne dit, en outre, que tous les patrons vont partager l'économie ainsi réalisée avec leur équipage. En revanche cela représente 21 millions d'euros de manque à gagner par trimestre pour les caisses de Sécurité sociale et Sarkozy dispose ainsi à bon compte de l'argent des assurés sociaux.

Le mécanisme de compensation permettant de maintenir le gazole à 30 centimes le litre a satisfait les pêcheurs. Mais le gouvernement ne dit pas qui paiera et, surtout, il y a toutes les chances que ce procédé soit condamné par la Commission de Bruxelles, comme contraire aux règles de la concurrence. La promesse est donc peut-être d'autant plus facile à faire qu'elle est impossible à tenir.

Les deux autres propositions, moderniser la flotte et garantir une rémunération mensuelle minimale, seront l'objet de discussions ultérieures entre représentants de la profession et du gouvernement. C'est dire qu'elles sont vides.

Le problème reste donc entier pour les 24 000 marins pêcheurs. La plupart d'entre eux sont des artisans, même si un chalutier coûte cher. Eux et leurs salariés sont coincés entre deux groupes de trusts capitalistes - les pétroliers d'un côté, la grande distribution de l'autre - qui ne réduiront pas leurs marges bénéficiaires pour les sauver. Et ce n'est évidemment pas le gouvernement qui leur demandera de le faire.

Quant à la hausse du prix du poisson frais, indexé de fait sur le prix du gazole, elle risque de restreindre encore plus sa consommation et donc les débouchés de la pêche artisanale.

L'avenir semble donc tout tracé : un grand nombre de pêcheurs, étranglés par les deux bouts, devront mettre sac à terre. A moins de faire plier Total, Carrefour, Auchan, etc.

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