Tours : Les nouvelles cliniques naissent dans la douleur09/11/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/11/une2049.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Tours : Les nouvelles cliniques naissent dans la douleur

À Tours, sept cliniques privées situées dans la ville viennent de se rassembler en deux « pôles ». L'un au nord de l'agglomération, « l'Alliance », vient d'ouvrir en août et regroupe les activités de trois d'entre elles, avec 220 lits. Le second, au sud, doit ouvrir en décembre prochain. Il sera l'un des plus importants du pays, avec 438 lits regroupant les quatre autres cliniques sur 40 000 m2.

Mais le moins que l'on puisse dire, c'est que ces naissances ne se sont pas accomplies sans douleurs...

Le « Pôle nord » s'est enflammé...

Après des semaines de galère, le déménagement dans l'improvisation et le bricolage, les salariés de l'Alliance, épuisés et exaspérés par une direction sourde à toutes leurs réclamations, se sont mis en grève le jeudi 11 octobre. Ils dénonçaient le manque criant de postes, des salaires minables et des conditions de travail déplorables, dont s'étaient d'ailleurs fait l'écho de nombreux patients, notamment dans le courrier des lecteurs du journal local.

Lors d'une assemblée des grévistes, une aide-soignante montrait sa fiche de paie : 300 euros de moins qu'au CHU, à ancienneté égale. La prime du dimanche est de 15 euros pour 12 heures de travail, alors qu'à l'hôpital, elle est de 46 euros pour 7 h 40... Quant aux effectifs, les exemples cités étaient aussi édifiants : une infirmière de nuit pour 14 patients en soins intensifs ; deux aides-soignantes le matin pour s'occuper de 34 patients en Orthopédie, c'est trois fois moins qu'au CHU, qui pourtant n'est pas en sureffectif !

Au deuxième jour de grève, la préfecture décidait l'évacuation des patients et la fermeture totale de la clinique, puisque le personnel des cliniques privées ne peut pas être réquisitionné en cas de grève comme l'est celui des hôpitaux publics. Ce n'est qu'alors que la direction accepta d'écouter les revendications du personnel, lâchant 18 créations de postes et une augmentation des salaires de 2 %. Les salariés réunis en assemblée générale ont décidé alors la reprise du travail, même si ce qu'ils ont obtenu est encore loin de ce qu'ils réclamaient : 24 postes, et l'alignement des salaires sur ceux des hospitaliers.

...et ça commence à chauffer au « Pôle sud »

Cette lutte a été suivie avec attention par les personnels des autres cliniques qui doivent déménager à la fin de l'année. D'autant plus que leurs patrons ont déjà annoncé qu'à cette occasion tous les accords d'entreprise précédents allaient être « remis à plat », c'est-à-dire les quelques acquis annulés.

Plusieurs dizaines de salariés se sont ainsi réunis avec la CGT le vendredi 12 octobre, et ils ont manifesté en ville le samedi 20 pour refuser les reculs que voudrait imposer la nouvelle direction sur les 35 heures, les salaires, les primes, estimant qu'ils pourraient y perdre chacun entre 80 et 400 euros par mois.

La première victoire obtenue par leurs collègues de l'Alliance n'est certainement pas pour rien dans leur mobilisation, dont on souhaite qu'elle fasse reculer les rapaces de la santé.

Correspondant local

L'argent public de la Sécurité sociale, par l'intermédiaire de l'ARH, a largement arrosé l'opération de regroupement des cliniques privées - on parle de 20 millions par an depuis cinq ans. Sans parler des opérations immobilières juteuses dont pourront profiter les actionnaires des cliniques en revendant leurs bâtiments. L'un d'entre eux vient d'ailleurs d'être vendu pour plus de 3 millions d'euros.

Le patron insulte les grévistes

Le président du directoire de l'Alliance a acheté un quart de page du journal local pour dénoncer les grévistes qui auraient, selon ses termes, « laissé seuls » les patients, « une rupture avec les principes de respect des patients contraire à notre éthique », selon lui.

L'« éthique » de ces marchands de soins que sont les patrons de cliniques, c'est avant tout celle de leur portefeuille d'actionnaires. En économisant au maximum sur les postes et le matériel, c'est sur la peau des patients comme des salariés qu'ils s'enrichissent. D'ailleurs, de nombreux patients évacués ont tenu à témoigner de leur solidarité envers les salariés en grève, même devant les caméras de la télévision locale.

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