RSA : Petit coup de pouce, ou gros effet d'annonce ?09/11/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/11/une2049.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

RSA : Petit coup de pouce, ou gros effet d'annonce ?

Lundi 5 novembre, l'expérimentation du revenu de solidarité active (RSA) a été étendue à seize départements, qui l'appliqueront dans un certain nombre de communes sélectionnées.

Cette mesure ne concerne pour le moment que les titulaires du RMI (revenu minimum d'insertion) et de l'API (allocation de parent isolé). Elle vise à les inciter à reprendre une activité salariée ou à entreprendre une formation rémunérée, en leur garantissant la conservation d'une partie des aides qu'ils reçoivent. Le gouvernement affirme que, de cette façon, non seulement leur revenu ne devrait pas diminuer, mais il devrait même augmenter. L'objectif serait qu'à partir d'un certain nombre d'heures travaillées les bénéficiaires du RSA franchissent le seuil de pauvreté (788 euros pour une personne seule ; 1970 euros pour un couple avec deux enfants scolarisés).

Il est probable que les érémistes qui refusent un « petit boulot » mal payé et sans avenir, de peur de voir leur maigre revenu diminuer, seront intéressés par cette formule. Ils ne sont cependant pas au bout de leurs peines. Il leur faudra d'abord être choisis. Or, dans une ville comme Marseille, qui se propose à l'expérimentation de la formule, plus d'un quart des habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté. Le test, lui, portera sur 3 000 personnes. Quant au département de la Seine-Saint-Denis, il compte 51 000 érémistes et le vice-président du Conseil général dit qu'il se voit mal choisir qui y aura droit ou pas.

Encore faut-il aussi que les candidats trouvent un emploi. On peut imaginer qu'un certain nombre de patrons sont prêts à proposer des petits boulots de quelques heures pour résoudre leur problème ponctuel de main-d'oeuvre. Mais au-delà ? Marseille encore, selon l'Usine nouvelle, a prévu de donner 200 euros mensuels aux sociétés qui transformeront dans les six mois un temps partiel d'au moins dix heures en un temps plein d'un an. Toujours la même recette d'aide aux patrons sur les fonds publics !

Et qui financera le RSA ? L'État, qui promet de prendre en charge l'intégralité du coût de l'expérimentation pour les bénéficiaires de l'API et la moitié du coût pour les bénéficiaires du RMI, ou les départements, qui croulent sous le poids du financement du RMI et des aides sociales multipliées par deux en cinq ans ? Le doute est permis. Car il existe des craintes, bien réelles, concernant les projets de réforme globale des minima sociaux, de la prime pour l'emploi et des différentes aides.

Le gouvernement ne cherche pas à aider ceux qui sont plongés dans la précarité. Il vise, au contraire, à réduire les dépenses dites « sociales ». En 2005, Hirsch estimait le coût du RSA entre six et huit milliards d'euros ; il parle maintenant de deux milliards.

Alors, le RSA aidera peut-être ponctuellement certains chômeurs à survivre un peu moins mal, mais il sera bien incapable de résoudre le problème des trois millions de sans-emploi et des six millions de pauvres.

Partager