Ratification du traité européen : Sarkozy veut passer en force09/11/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/11/une2049.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Ratification du traité européen : Sarkozy veut passer en force

Sarkozy et ses partisans se sont félicités de l'adoption par les dirigeants des 27 pays de l'Union européenne, du « nouveau » traité simplifié de l'Europe. Pourtant, par son contenu, ce « nouveau » traité ressemble comme un jumeau au traité constitutionnel proposé par Giscard, et rejeté par une majorité d'électeurs français lors du référendum de 2005.

Les co-signataires du traité ne s'en cachent même pas. Ainsi, dès juin 2007, la chancelière allemande Angela Merkel déclarait que « la substance de la constitution est maintenue ». Son homologue irlandais a été dans le même sens en précisant que « 90 % de la constitution sont toujours là ». De fait, ce traité réaffirme que « l'économie de marché où la concurrence est libre » est la règle, et que les services publics notamment devront d'y soumettre, en revanche il n'est plus question d'harmonisation sociale par le haut en Europe. De même, la Grande-Bretagne et la Pologne ont obtenu d'être dispensées d'appliquer le peu de « droits fondamentaux » dont la Charte européenne se revendique.

Dans ces conditions, Sarkozy et ses amis ont quelques raisons de craindre que le nouveau traité soit, comme son prédécesseur, rejeté par les électeurs. Face à ceux qui réclament que sa ratification soit soumise à un référendum, ils affirment donc qu'une consultation des députés et sénateurs - parmi lesquels la droite est largement majoritaire - suffit, ajoutant qu'en l'élisant à la présidence, une majorité d'électeurs a par avance donné carte blanche à Sarkozy. Sur ce terrain, l'UMP peut d'ailleurs compter sur l'appui du Parti Socialiste, dont la direction soutenait déjà le projet de constitution précédent.

Bien que certains responsables du PS auraient préféré que le parti s'abstienne pour ne pas trop s'afficher à la remorque de Sarkozy, le PS a finalement décidé de voter pour. Après avoir affirmé qu'« il faut bien débloquer la situation », les dirigeants du PS ont donc décidé de ne pas empêcher l'adoption de ce traité.

Le morcellement de l'Europe en un grand nombre d'États, et les frontières qui en découlent, est certes une aberration, mais ce n'est pas ce traité qui le fera disparaître. Pas plus qu'en passant en force, Sarkozy fera disparaître les réticences de la majorité des travailleurs face à son projet, et plus largement face à sa politique.

Partager