Pétrole : Des réserves sous-estimées pour des profits plus qu'estimables09/11/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/11/une2049.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Pétrole : Des réserves sous-estimées pour des profits plus qu'estimables

Le prix moyen du litre de sans-plomb 95 frôle 1,30 euro et celui du diesel 1,14. Le fioul domestique avoisine les 72 euros l'hectolitre. Pour faire face à cette grave diminution du pouvoir d'achat, la ministre de l'Économie et des Finances, Christine Lagarde, promet de réunir les pétroliers afin de « discuter de la manière dont ils répercutent les hausses du prix du pétrole ». Autant demander à un pyromane d'éteindre le feu !

Le cours du baril de pétrole s'approche des 100 dollars et on nous ressert la même rengaine selon laquelle son prix augmenterait parce que les réserves pétrolières s'épuisent alors que la demande est de plus en plus importante.

Déjà, à la fin des années 1970, lors d'une hausse comparable, des « experts » relayés par les médias avaient prédit les affres consécutives à la fin des réserves d'hydrocarbures. Aujourd'hui, trente ans plus tard, d'autres ou les mêmes, s'accordent pour estimer ces réserves à une quarantaine d'années. Sauf que tous sont des experts... des compagnies pétrolières, les seules qui fournissent ce type de renseignements. Quand elles parlent de réserves, c'est de réserves connues et exploitables qu'il s'agit, c'est-à-dire financièrement rentables. Pas question, par exemple, de prendre en compte les gisements en eaux très profondes qui nécessiteraient des investissements importants.

L'objectif de ces compagnies n'est pas la livraison de pétrole pour la couverture la plus rationnelle possible des besoins mais la réalisation des profits les plus élevés possibles. Le flou sur la réalité des réserves et la propagande régulière sur le risque de pénurie sont une bénédiction pour les spéculateurs, une aubaine pour les magnats du pétrole qui justifient les augmentations de prix en les faisant passer pour une fatalité.

Depuis bientôt trente ans, pour une production de pétrole pourtant plus importante, les compagnies n'investissent plus dans les raffineries. Celles-ci sont vétustes, tombent en panne, provoquent parfois des accidents graves comme à Texas-City où il y eut, en 2005, 15 morts et 105 blessés suite à l'explosion d'une raffinerie dont la date de construction remontait à... 1934 !

En 2006, les cinq plus grandes compagnies pétrolières du globe ont réalisé plus de 100 milliards de dollars de profits et Total a engrangé un bénéfice de 15,5 milliards de dollars ! Ces sommes colossales permettraient d'investir pour la prospection, l'extraction et le raffinage afin d'optimiser les réserves. Non, elles servent à enrichir ceux qui ne savent déjà plus quoi faire de leur fortune.

Les réserves de pétrole qui ont mis des centaines de millions d'années à s'accumuler ne sont certes pas éternelles et ne peuvent pas se renouveler mais le spectre de la pénurie savamment entretenu profite aux pétroliers. Et, c'est une escroquerie supplémentaire que de laisser croire, comme le fait la ministre, que ceux à qui le crime profite pourraient en adoucir les effets.

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