Négociations patronat-syndicats : Les patrons offrent ce qu'ils n'ont pas... et demandent tout le reste en échange09/11/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/11/une2049.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Négociations patronat-syndicats : Les patrons offrent ce qu'ils n'ont pas... et demandent tout le reste en échange

L'information selon laquelle le patronat serait prêt à des reculs significatifs, en vue d'arriver à un accord avec les syndicats sur la « modernisation du marché du travail », a été abondamment reprise. Mais il s'agit d'une véritable entourloupe.

Depuis la rentrée, tous les vendredis, le patronat rencontre les syndicats pour négocier. Le gouvernement a mis la pression pour soutenir ses amis les patrons, en menaçant de légiférer s'il n'y avait pas d'accord. Évidemment, il s'agirait de lois donnant satisfaction au patronat.

Pour illustrer le marché de dupes que proposent gouvernement et patronat, il suffit de rapporter les dernières péripéties autour du contrat nouvelles embauches, le CNE.

Le CNE a institué, pour toutes les entreprises de moins de vingt salariés, une période d'essai de deux ans durant laquelle le patron peut licencier à sa guise et sans motif. Plusieurs tribunaux ont déclaré ce contrat illégal, et l'Organisation Internationale du Travail, un organisme dépendant de l'ONU, qu'on ne peut qualifier de contestataire, s'apprêterait à en faire autant à la mi-novembre.

Sachant qu'il ne pourra maintenir le CNE, le patronat présente aujourd'hui le marché suivant : il consent au retrait définitif du CNE... mais en échange les syndicats devront accepter de ratifier les autres propositions du patronat, qui visent à démolir plus encore les quelques droits restant aux travailleurs dans les contrats de travail.

Ainsi, les syndicats sont appelés à valider les « contrats de mission », qui permettent aux patrons de mettre à la rue leurs salariés embauchés dans ce cadre, sans préavis, sans procédure et sans droit, six mois, un an ou même cinq ans après leur embauche. De même, les syndicats sont appelés à donner leur accord sur cette autre proposition du patronat qui, en lieu et place des procédures de licenciement actuelles, et en particulier des licenciements économiques, prétend instituer « la séparation à l'amiable ». Le salarié se trouverait alors seul face aux pressions et au chantage de son patron et, s'il « accepte » ce licenciement « à l'amiable », toute contestation juridique lui serait alors interdite.

Les patrons nous montrent ce qu'ils sont prêts à lâcher autour du tapis vert : rien, zéro, néant. En revanche, ils sont prêts à tout réclamer. Alors, les travailleurs doivent n'avoir aucun complexe pour demander tout ce qui leur est dû, sans rien omettre. Et même dans ce cas, ils seront toujours en retrait sur ce que les patrons leur doivent : tout.

Partager