Editorial

Il faut une suite au 18 octobre.

La grève des travailleurs de la SNCF, de la RATP, d'EDF et de GDF du 18 octobre a été d'une ampleur exceptionnelle. Les manifestations ont été bien suivies et ont été souvent rejointes par des travailleurs de secteurs déjà victimes des mesures que le gouvernement veut imposer aux régimes spéciaux. Ceux-là ont témoigné qu'ils avaient conscience que l'enjeu de la lutte dépasse largement les seuls cheminots, électriciens ou gaziers.

Malgré le bourrage de crâne entrepris par les ministres et répercuté par la télévision, les travailleurs n'ont pas marché dans la propagande gouvernementale visant à opposer ceux qui étaient en grève et l'ensemble des salariés. Comment croire que les cheminots sont des privilégiés, lorsque plus d'un tiers d'entre eux partent à la retraite avec 1 100 euros net par mois ?

Et le gouvernement, qui a le culot de se poser en chevalier blanc combattant les privilèges, est celui dont le premier geste a été d'accorder 15 milliards d'euros de baisses d'impôts à la bourgeoisie, aux vrais privilégiés.

Les travailleurs savent que l'attaque contre les régimes spéciaux sera suivie par d'autres concernant le régime général : 42 ans de cotisation pour tous et l'âge de la retraite repoussé à 62 ans, voire à 65 ans. Et pour ceux qui n'auront pas le nombre d'annuités nécessaire, quelle qu'en soit la raison, cela annonce des retraites amputées qui permettront tout juste de survivre, mal, après une vie de travail.

La démolition des retraites n'est qu'un des fronts sur lesquels le patronat et le gouvernement attaquent l'ensemble du monde du travail, pour permettre à la classe riche d'accaparer, directement ou avec l'aide de l'État, toujours plus d'argent au détriment des salariés. Il y a tout le reste : le blocage des salaires alors que les prix augmentent, à commencer par l'essence et le fioul ; la généralisation de la précarité et la paie aléatoire qui va avec. Il y a toutes ces mesures comme les franchises médicales, les déremboursements, le forfait hospitalier, qui font que les assurés sociaux cotisent de plus en plus pour être de moins en moins remboursés et de plus en plus mal soignés.

Sans parler de l'aggravation de l'exploitation au quotidien, de l'augmentation du rythme de travail, la pression permanente pour faire faire plus de travail avec moins de personnel, en supprimant des emplois.

Les travailleurs sentent par la dégradation de leurs conditions d'existence, dans leur chair, que cela ne peut pas continuer ainsi. Or, si cela ne dépend que du patronat et du gouvernement à sa botte, cela continuera, pour que les capitalistes puissent dégager toujours plus de profit, qu'ils gaspillent dans des spéculations financières, sans créer d'emplois.

La seule façon d'y mettre un coup d'arrêt est que les patrons et le gouvernement se heurtent à l'ensemble du monde du travail, décidé à ne pas se laisser réduire à la pauvreté. Tout le passé prouve amplement que c'est lorsque les patrons ont craint pour leurs profits, et craint vraiment, qu'ils ont incité leurs laquais au gouvernement à céder devant les revendications des travailleurs.

Nombreux sont, certes, les travailleurs qui ne croient pas encore aujourd'hui à la possibilité d'une lutte large, et encore moins à ce qu'elle puisse être victorieuse. Mais l'exemple de la préparation et de la réussite du 18 octobre montre que le climat, cela se change.

Grande est, dans ce domaine, la responsabilité des directions syndicales. Le 18 octobre, les travailleurs ont répondu présents à leur appel. Aucune d'entre elles ne peut prétexter la difficulté de mobilisation pour refuser une suite au 18 octobre. Leurs tergiversations pour annoncer une nouvelle étape sont inacceptables. Préparer la suite, faire en sorte qu'elle soit plus ample, qu'elle entraîne dans la lutte de nouveaux contingents de travailleurs, est une nécessité vitale.

L'offensive générale du patronat et du gouvernement aggrave les conditions d'existence de tous les travailleurs, retraités et chômeurs. Il ne faut pas les laisser faire. La contre-offensive doit être celle de l'ensemble du monde du travail !

Éditorial des bulletins d'entreprise du 22 octobre.

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