Leur société

Hausse des prix : La faute aux matières premières ?

Le prix des matières premières, du pétrole au blé, du plomb au lait, du charbon au soja, est en augmentation rapide. La conséquence immédiate est l'augmentation du prix des produits finis (essence, pain, lessive, repas à la cantine, etc.).

Des économistes savants expliquent au public que, si les matières premières augmentent, c'est parce que la demande mondiale augmente, en particulier la demande liée au développement de l'économie chinoise. Certes, l'économie mondiale forme un tout. Mais il est tout de même trop commode de dire que c'est simplement parce que la Chine consomme plus de pétrole que le prix de la baguette augmente à Romorantin.

Le prix des matières premières est en partie déterminé par la spéculation, c'est-à-dire par l'activité des groupes financiers. Une hausse des cours, quelle qu'en soit la raison matérielle (mauvaise récolte, accident ou augmentation de la demande réelle), attire les banquiers. Leurs achats font à nouveau monter les cours, suscitent donc de nouveaux achats, etc., au point que les " spécialistes " des matières premières discutent aujourd'hui pour connaître leur " vrai prix ". En attendant, elles se vendent au prix du marché, qui peut monter jusqu'à un éventuel effondrement de la spéculation, comme on l'a vu dans l'affaire des prêts immobiliers aux États-Unis.

D'autre part, les matières premières entrent pour une partie minime dans le prix des biens des produits de l'industrie (15 % par exemple dans le prix de la fabrication de l'aluminium et encore bien moins évidemment dans l'industrie qui utilise l'aluminium). C'est d'ailleurs pourquoi ce sont les pays industrialisés qui dominent les pays qui n'ont que des matières premières à vendre, et non le contraire. Ce qui fait augmenter les prix à la consommation est donc bien plus le prix de la transformation industrielle que celui des matières premières. Les salaires augmentant bien peu, et le plus souvent moins que la productivité, la cause de l'augmentation des prix est à rechercher dans l'augmentation des profits des industriels et dans la spéculation financière. Voire, tout simplement, dans le goût des capitalistes pour le profit facile obtenu par une augmentation pure et simple des prix.

Mais comme il faut bien que quelqu'un paie en finale pour le parasitisme des financiers et des industriels, ce sera donc aux consommateurs de payer, c'est-à-dire essentiellement aux travailleurs : les mêmes qui désespèrent de voir le chiffre situé au bas de leur feuille de paye augmenter au même rythme que les prix.

Partager