Fraude et monde des affaires : Sarkozy veut la tolérance maximale envers les patrons14/09/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/09/une2041.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Fraude et monde des affaires : Sarkozy veut la tolérance maximale envers les patrons

Reprenant le thème démagogique qu'il n'a pas cessé d'utiliser, Sarkozy parle de mettre en place un " gigantesque plan contre la fraude au chômage ". Dans le même temps, le voici menant campagne en faveur des fraudeurs et des délinquants d'un tout autre calibre, ceux du monde des affaires : " La pénalisation à outrance de notre droit des affaires est une grave erreur et je veux y mettre un terme. " " Qu'est-ce qui justifie que, lorsqu'il existe des sanctions prononcées par l'administration ou par une autorité de régulation, viennent s'y ajouter des sanctions prononcées par des juridictions pénales ? " Voilà qui est clair.

Question poursuites pénales et condamnations, la situation actuelle n'est pourtant pas particulièrement féroce à l'égard du monde des affaires. Un monde où l'opacité domine et qui s'attache largement le conseil d'avocats et de spécialistes de la loi capables de contourner les difficultés et de trouver dans le maquis procédurier les moyens d'éviter les poursuites. Quand celles-ci se produisent, bien des moyens existent pour ralentir les procédures et reporter les jugements indéfiniment. Quant aux juridictions chargées de ce type de délits, elles dénoncent régulièrement le manque de moyens mis à leur disposition pour traiter les dossiers. Le résultat est que le pays connaît un nombre de condamnations pénales extrêmement faible pour les délits économiques. Il faut vraiment des circonstances très particulières pour que des dirigeants d'entreprises ou des gros actionnaires se retrouvent sur le banc des accusés, et encore plus exceptionnelles pour que les prévenus finissent derrière les barreaux.

À l'occasion des déclarations de Sarkozy favorables à cette dépénalisation, Eva Joly, l'ancienne juge d'instruction chargée du dossier emblématique de ELF, qui sait de quoi elle parle, et qui occupe aujourd'hui des responsabilités anticorruption en Norvège, déclare ne pas comprendre " un pays qui responsabilise ses fous, et irresponsabilise ses élites : cela me paraît une grave erreur et une absence de compréhension de ce qu'est la criminalité organisée ou la criminalité économique ". Mais Sarkozy ne fait pas erreur, car il s'agit des siens. Et s'il sait se montrer intraitable envers les petits pour qui il proclame la " tolérance zéro ", il manifeste toute sa compréhension, sa sollicitude et sa bienveillance envers les dirigeants des grands groupes, même s'ils se conduisent en voyous, si ce n'est en escrocs avérés.

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