25 000 " éloignements " d'étrangers sans papiers dans l'année : c'était l'objectif fixé par Sarkozy pour l'année 2007. Objectif pas même à demi atteint, constataient fin juillet les services du récent ministère de l'Immigration. Le ministre Hortefeux, rappelé à l'ordre il y a trois semaines par son ami mais néanmoins président, vient à son tour de convoquer à son bureau les quelques préfets dont les résultats sont en deçà des quotas qui leur ont été fixés.

Dans les Ardennes, par exemple, la " contribution " fixée par le ministère est de 111, un " objectif ambitieux " selon le directeur de cabinet de la préfecture lui-même, qui précise : " Des départements bien plus peuplés que le nôtre n'ont pas de tels objectifs, la Dordogne par exemple n'a que 41 reconduites à atteindre. " Les Ardennes, lourdement taxées en raison de leurs 200 km de frontière, n'ont d'ailleurs " pas fait exploser les chiffres " admet ce cadre préfectoral malgré l'application d'une politique de " fermeté ".

Lors d'une visite au préfet de police de Paris, le ministre avait également incité celui-ci à " redoubler d'efforts " pour " augmenter de façon significative le nombre d'interpellations d'étrangers en situation irrégulière ", puisque l'objectif affiché de 3 580 reconduites n'aurait conduit qu'à 1 300 arrestations environ. Pourtant, là aussi, le zèle préfectoral s'est accéléré et des listes d'adresses de demandeurs d'asile déboutés ont été livrées aux magistrats et aux policiers.

Ce révoltant rappel à l'ordre des préfets ne fera en fait que susciter des interventions policières plus sauvages les unes que les autres, comme celle d'Amiens en août dernier, qui a conduit un jeune Russe de 12 ans à frôler la mort, en suivant son père qui tentait d'échapper à une rafle.