Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) : Les squatteurs lèvent le camp, mais le problème du logement reste entier14/09/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/09/une2041.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) : Les squatteurs lèvent le camp, mais le problème du logement reste entier

Le campement établi depuis deux mois par plusieurs familles d'origine africaine (un peu plus d'une centaine de personnes) devant une école d'Aubervilliers a été levé dans la nuit du 10 au 11 septembre.

La municipalité avait demandé l'évacuation de ce campement mais plusieurs interventions des CRS n'ont pas empêché les familles de rester sur les lieux.

C'est à la suite d'une mesure d'expulsion entamée à l'encontre de cinq de ces familles squattant des appartements de l'OPHLM de la ville, que d'autres, squattant aussi des appartements à Aubervilliers, les ont rejointes sur ce campement, craignant d'être à leur tour l'objet d'expulsions. Ces familles, appuyées par le DAL, espéraient ainsi être relogées par la ville ou par la préfecture, ce qui avait été le cas de certaines dans le passé car ce n'est pas la première fois que la municipalité se retrouve dans cette situation.

Cependant la municipalité a refusé la revendication de ceux qui réclament le droit d'occuper légalement tous les appartements qu'ils squattent du fait que 3 800 personnes sont sur liste d'attente pour obtenir un appartement HLM à Aubervilliers.

Le jour de la première intervention de la police pour évacuer le campement, Rama Yade, secrétaire d'État aux Droits de l'homme choisie par Sarkozy parce que d'origine sénégalaise, est venue y passer un quart d'heure. Elle est arrivée dans sa 607 de fonction pour dire " aux communistes " qui dirigent la ville qu'" en matière de logement l'extrême gauche n'a pas de leçon à nous donner ".

Eh bien voyons ! Une population pauvre, voire très pauvre est accueillie à Aubervilliers où il y a 41 % de logements sociaux. Malgré cela, il y subsiste un habitat privé fortement dégradé (2 000 logements ne disposent d'aucun élément de confort et certains sont insalubres) dans lequel s'entassent des familles nombreuses, et où des enfants sont parfois victimes du saturnisme. Ce sont ces familles qui constituent, entre autres, les listes d'attente d'un logement social.

La loi SRU impose aux communes la construction d'au moins 20 % de logements sociaux. Sur la région parisienne, 8,5 % des communes abritent 50 % des logements HLM. Les municipalités UMP, le parti de Sarkozy et de Rama Yade, elles, sont presque toujours hors la loi dans ce domaine et en sont même fières. Ainsi, le maire UMP du Raincy Éric Raoult avait, bien avant l'instauration de cette loi, barré l'entrée de sa ville d'une banderole qui disait en substance : non au logement social au Raincy.

Le Raincy, pourtant commune de Seine-Saint-Denis, a sur son territoire de nombreux hôtels particuliers et une population plutôt aisée. Et ne parlons pas de Neuilly, banlieue très chic de Paris, dont l'ancien maire n'est autre que Nicolas Sarkozy.

Rama Yade est aussi secrétaire de l'UMP et elle ignore donc volontairement l'attitude de ses amis politiques sur ce terrain-là pour ne consacrer son temps et ses critiques qu'aux communes dirigées par le Parti Communiste !

En tout cas, les femmes de ces familles, elles, ont l'air de savoir quels sont les responsables de leur situation. Après que Yama Rade eut déclaré qu'elle était " choquée " par ce qu'elle voyait, l'une d'entre elles lui a répondu " c'est ton gouvernement qui a décidé ça, ma soeur " !

On pourrait ajouter que ce sont les gouvernements qui se sont succédé, dont le précédent auquel appartenait Sarkozy, qui, depuis des années, ont laissé le manque de logements s'aggraver de façon catastrophique.

La presse, la télévision, la radio ont largement rendu compte de la situation. Cette médiatisation a aidé les familles et n'est certainement pas étrangère à la venue, sur place, du préfet de Seine-Saint-Denis. Il a proposé d'examiner le lundi 10 septembre le cas des cinq familles déjà expulsées et un accord a été trouvé prévoyant leur relogement. Des promesses de relogement ont été faites à 66 autres. Par contre, il n'a été fait aucune proposition aux familles sans papiers.

Mais ce n'est pas au cas par cas ni au coup par coup qu'il faut agir face au problème du logement. C'est l'État qui devrait entreprendre la construction du million, voire des deux millions de logements qui manquent dans le pays ; c'est lui qui devrait réquisitionner les terrains nécessaires et embaucher les travailleurs des différents corps de métier capables de le faire.

Ce gouvernement, comme ses prédécesseurs, est loin d'avoir cette politique et il y aura encore bien des situations dramatiques pour bien des familles avant d'y parvenir.

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